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Lutte contre les messages haineux : les rapatriés et les résidents appelés à la solidarité et au partage…

Après la crise politique qu’a connue le Burundi dans le passé, il s’observe toujours des cas de prolifération de messages de haine sur fond des conflits fonciers entre les rapatriés et les résidents avec risque d’aboutir à la violence. L’administration dit toujours jouer le rôle de médiateur. Coup de projecteur au sud du pays, plus précisément dans la commune Nyanza-Lac de la province Makamba.

La Colline de Mugerama est l’une des collines de la commune Nyanza-Lac qui abritent beaucoup de rapatriés des crises politiques répétitives qu’a connues le Burundi depuis 1972. La majorité de ces rapatriés, indique une source sur place, sont de l’ethnie Hutu. Bien que ces derniers veuillent bien regagner le bercail et exploiter leurs terres paisiblement, confie-t-elle, ils font objet des messages haineux venant de ceux qui sont restés sur leurs collines, et la cohabitation devient mauvaise.

Niyonsaba (nom emprunté), une rapatriée de la crise de 1972 et habitant la colline Mugerama n’y va pas par le dos de la cuillère : « Les résidents nous regardent en ennemis. Ils n’entendent pas céder nos terres laissées lorsque nous nous sommes refugiés vers les pays limitrophes. Au lieu d’un accueil chaleureux, au retour dans notre mère patrie, ils nous qualifient de non-burundais. »

Bien plus, déplore-t-elle, la population locale qualifie les rapatriés des « Tunduma ». Ce dernier est un grand fossé qui se trouve en Tanzanie et si, par malchance, il arrive à quelqu’un d’y tomber, il ne survit pas à la chute. « Autrement dit, « Tunduma », c’est pour nous comparer à des criminels, des méchants, malfaiteurs, des réfugiés Hutu de 1972 qui rentrent pour tuer les résidents, les exterminer, etc », se lamente-t-elle avant de rappeler que ces appellations respirant de haine leur rongent les cœurs.

Des messages de haine proliférés de deux côtés…

Toutefois, indique M.F., également résident de la colline Mugerama, ces messages de haine se lancent entre les résidents et les rapatriés. Il fait savoir que, arrivés au Burundi, des rapatriés veulent occuper à tout prix leurs terres, que les résidents ont longtemps entretenu en y plantant des palmiers à l’huile et d’autres cultures pendant que les propriétaires (rapatriés) étaient absents.

Ces derniers, confie-t-il, accusent les résidents, Tutsi pour la plupart, d’être à l’origine des départs massifs des Hutus en exil pour pouvoir s’accaparer de leurs terres. Ces mésententes, prévient-il, ne vont pas sans causer des polémiques et les tensions sur fond des conflits liés à la propriété foncière, risquant de résulter à la violence.

Même son de cloche chez Onesphore Niyongendako, secrétaire permanent de la commune Nyanza-Lac qui fait savoir que cette commune est l’une des communes de la province de Makamba qui connaissent beaucoup de litiges fonciers suite aux crises répétitives qu’a connues le Burundi depuis les années 70, avec les départs massifs des populations vers l’exil.

A leur retour, confie-t-il, plus un jour ne peut passer sans entendre sur l’une des collines de cette commune des rapatriés et des résidents se lancer des insultes, des messages de haine, sur fond de conflits fonciers. D’expliquer : « Les rapatriés trouvent leurs biens et terres occupés par des gens qui sont restés sur leurs collines et qui n’entendent pas les remettre aux ayants droits ». Et pour bien gérer ces conflits, indique-t-il, l’administration à la base doit jouer un rôle de médiateur.

Des séances de pacification

Selon M.F., quand des gens en conflits n’arrivent pas à s’entendre, ils peuvent facilement se livrer à des violences voire s’entretuer, si rien n’est fait. Il faut qu’il y ait beaucoup de séances de pacification, de partage et de bonne cohabitation entre les rapatriés et les résidents. « Se débarrasser de la discrimination ethnique et renforcer l’amour, la solidarité, le partage … serait la meilleure voie pour mettre fin à des messages haineux, souvent observés entre ces deux parties en conflit », suggère-t-il.

Concernant le vivre-ensemble, rétorque M. Niyongendako, l’administration participe à rassembler tous les rapatriés et la population locale dans les différentes réunions et les différents enseignements pour leur passer des messages de pacification, leur apprendre le vivre-ensemble et le partage équitable des terres et, grâce à ces efforts, espère le secrétaire permanent, la méfiance  entre  rapatriés et résidents disparaitra progressivement.

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