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Kirundi French
Ils nous inspirent

La Beyoncé du Burundi, entre deux examens

C’est par une vidéo sur les réseaux sociaux qu’on a découvert en janvier dernier la petite Audrey Christa Verra Iteriteka. Dans une salle de classe, vêtue d’un vieux t-shirt blanc et un short, elle chantait « Halo », de l’Américaine Beyoncé. Depuis, sa voix n’en finit plus d’émouvoir, jusqu’à Lil Wayne !

AudreyIl est 8h, Gitega se réveille tout doucement, dans le froid et la brume. Il en faut du courage à nous autres Bujumburois, pour mettre son nez dehors. Non loin du centre, là-bas chez les sœurs, il y en une qui est debout depuis belle lurette. Dans quelques instants, c’est le rendez-vous de l’examen de Biologie. Il faut faire vite, se laver, prier, revoir sa matière une énième fois… Audrey ne se doute pas une seconde que cette journée est loin d’être ordinaire.

9h30, arrivée à l’école. « Tiens! On nous ouvre le portail…mais bon sûrement qu’on nous laissera pas la voir », craint-on. Après quelques questions de routine, nous voilà chez Madame la Directrice, nouvel interrogatoire. D’abord les présentations, et tout y passe: nom, prénom, âge, adresses (professionnelle, logement), le pourquoi du comment du quand de notre visite… Ensuite, commentaire sur l’objectif d’une telle visite à court et moyen terme sachant que « l’élève Iteriteka est en plein examen et surtout que sa famille n’est pas favorable à ce que l’enfant soit dérangé pendant ses heures de travail. Et puis cette histoire est quand même incroyable, vous autres journalistes avez l’art d’extrapoler les choses… Mais je veux bien vous laisser la voir ». Dieu soit loué!

10h. Enfin, « la Beyoncé du Burundi » nous apparaît enfin. Dans son uniforme jaune et noir, elle avance timidement, sourire en coin vers nous. « Ewe umu star ari hano, ubura kwiga! », glisse mi-amusée, mi-moqueuse, une encadreuse. 30 secondes plus tard, les élèves sortent par dizaines pour assister à la rencontre.

Trop beau être vrai ?

Il y a quelques temps, elle était une parfaite inconnue, sans histoire. Petite orpheline depuis l’âge de 7 ans, étudiante au lycée Sainte Marie-Thérèse de la Sagesse, grandissant tranquillement, loin du tumulte du monde. « Aujourd’hui des gens veulent faire des photos avec moi, des interviews. On me dit que de célèbres chanteurs ont eu des frissons en écoutant ma voix… » Audrey a du mal à croire à tout cela. Elle qui ne chantait que pour elle-même, pour chasser cette solitude qu’elle ressent parfois lorsque l’espoir se fait la belle. »C’est tout simplement incroyable! Limite, trop beau pour être vrai! »

Quant à faire de la musique sa profession, ce n’est pas non plus au programme : « Chaque chose en son temps », dit-elle simplement. « Si ça se trouve, dans deux ans, on ne parlera même plus de moi. » Alors, autant se focaliser sur l’essentiel: finir les études, aller à l’université, etc.  » Et là tout de suite je dois y aller parce que j’ai encore l’examen de Kirundi à passer… »

Justement, le professeur de Kirundi passe à côté de nous. Puis soudain, cris, rires, petits pas de danse par ci, par là… toute l’école pratiquement nous assiste.

Que se passe-t-il donc? « C’est sans doute ce sentiment indéfinissable d’abriter une petite star dans nos murs », chuchote une encadreuse.

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