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«La justice doit agir pour éviter la répétition des violences»

Aujourd’hui s’est installé dans notre société un discours justifiant les violences de masse commises dans le passé. Ce phénomène est dangereux, prévient la socio anthropologue Divine Ininahazwe, car il peut conduire à d’autres cycles de violences…

Que peut-on comprendre par justification de la violence ?

Par justification de la violence commise par le passé, nous pouvons entendre la façon de chercher à trouver une explication par rapport aux tueries, aux violences, aux massacres, à tout ce qui se rapporte aux dates noires, à différentes périodes qui ont endeuillé le Burundi.

Pourquoi cette nécessité de justifier les violences de masse commises dans le passé ?

Il y a des personnes qui cherchent toujours à se débarrasser des fautes qu’ils ont commis soit sous prétexte de vouloir se remettre à la bonne place ; et ces explications ne sont pas souvent répandues dans des ouvrages scientifiques ou dans les journaux mais se trouvent dans les mémoires collectives. Par exemple si l’on est de l’ethnie Hutu, on te dit que ton groupe a été depuis longtemps soumis à des manipulations. De l’autre côté, si l’on est Tutsi, on te dit que ton groupe a été massacré par les Hutu. Qu’il faut les fuir voire les haïr car ce ne sont pas des humains. Qu’il faudra se protéger contre eux. D’où alors ce concept peut ne pas apporter une plus-value à la cohésion sociale. Et sachant que la cohésion sociale est une matière très importante car c’est la fondation de l’amour du prochain, de l’entente et permet le respect mutuel sans tenir comptes des appartenances diversifiées. Les auteurs de ces violences veulent échapper à la responsabilité de ce qui s’est passé dans le but d’accuser les autres. En plus, ils veulent montrer qu’ils sont innocents par rapport à ces violences. Cela peut engendrer une crise car ce phénomène finit par exploser et entrainer des vengeances continuelles, ce qui peut aussi détruire le tissu social.

Divine Ininahazwe Socio anthropologue

Qu’est ce qui peut résulter de la justification de violence de masse ?

Les conséquences sont multiples. Mais soulignons d’abord qu’à partir du moment où les descendants ou les proches des victimes de ces violences de masse voient les auteurs de ces atrocités vivre dans la communauté sans être inquiétés, justifiant leurs actes du passé ; ils le vivent mal. Cela met ces derniers dans une certaine insécurité, ce qui les pousse à se préparer à l’offensive ou à des règlements de comptes parce qu’ils se servent de ce mauvais exemple et commettent des bavures en espérant pouvoir justifier plus tard leurs actes. Deuxième conséquence, à partir du moment où il y a un esprit de vengeance, C’est que la situation se met dans une chronologie répétitive. Il y a une répétition des mêmes violences tout simplement, ce qui devient un mauvais héritage à bannir, à éradiquer même.

Quelles mesures devraient être prises à l’endroit des auteurs de ces discours ?

Il faut d’abord que la justice fasse son travail. Et quand la justice prend les choses en mains, c’est une bonne leçon pour les générations futures qui ne pourront pas commettre des violences pareilles. La seconde chose à faire est d’inculquer des autorités aux simples citoyens, un comportement verbal mais aussi pratique, de bannir et d’éradiquer les discours qui justifient les violences de masse qui ont secoué le Burundi.

Quel comportement devraient adopter les récepteurs de ces messages ?

La prudence pour ne pas tomber dans le piège de ce qui masque la réalité, être sélectif dans la réception des messages, avoir la capacité de filtrer ce qu’ils reçoivent pour ne pas être entrainer dans des violences.

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