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Gygy Ghylain : « le basketball burundais est dans une phase très prometteuse »

Gygy Ghylain

Le jeune Gygy Ghylain, « futur docteur, promoteur du basketball Burundais », nous livre, au retour d’une pause qu’il a été forcé de prendre suite à une mésentente avec certains éléments du basketball féminin, ses impressions sur l’évolution de ce sport depuis la prise de fonction de la nouvelle équipe dirigeante de la FEBABU (fédération de Basketball Burundais).

Si les terrains de basketball burundais font aujourd’hui salle comble, c’est en grande partie grâce à lui. Et pourtant il a l’air de l’oublier. Modestie feinte ou ignorance de l’impact de son travail ? A cette question, il rétorque que c’est par pure passion qu’il fait son travail et non pas pour s’attirer les éloges de celui-ci ou celui-là, encore moins pour gagner de l’argent.

En effet, depuis 2017, le jeune Gygy Ghylain, alimente un blog sur le Basketball nommé For The Love of the Game, titre qu’il tire du célèbre livre de Michael Jordan, le meilleur jouer de Basketball de tous les temps. En moins de 5 ans, le blog peut se targuer d’être la première source d’informations sur le Basketball burundais.

Tes impressions vis-à-vis de la nouvelle équipe dirigeante de la FEBABU ? 

D’un point de vue purement économique, je suis beaucoup impressionné par la volonté manifeste de la nouvelle équipe dirigeante à transformer le basketball burundais en une véritable industrie d’attraction de fonds, notamment dans l’objectif d’améliorer les recettes de la fédération, les moyens des équipes et les conditions de vie des joueurs. Je suis hyper enthousiaste quant à leur engagement à professionnaliser le basketball au Burundi. Leur engagement à mettre en place le cadre légal régissant les contrats des joueurs, la transparence dans la gestion des fonds et surtout la perspective de nouer des relations avec des associations de basketball de la région et du monde.

Côté bonne gouvernance, la publication des recettes collectées par match est un geste à saluer d’autant plus qu’on sait que le leadership et la transparence dans la gestion ont toujours été un sérieux problème dans ce sport. Aussi faut-il que la fédération s’attelle à développer le basketball chez les juniors qui est un pari pour l’avenir. Les clubs doivent avoir conscience de l’importance du développement des jeunes talents comme moyen d’ouverture et d’exposition du basketball burundais au marché international. Miser sur la formation des jeunes sportifs est autant une nécessité économique que sportive.

La FEBABU a pris la décision de faire monter le prix d’entrée à 5000 BIF minimum, cette décision n’a pas été bien accueillie par tous les amateurs du ballon orange, qu’en dites-vous ?

Bien sûr qu’il y a des gens que la décision n’a pas plu mais ce qui est quand même étonnant, et même beau à voir, c’est que les terrains sont toujours bondés les jours de match, cela témoigne de l’attachement qu’ont les gens au basketball. A mon humble avis, au regard de l’investissement pour la préparation des matchs de la part des clubs et si l’on veut professionnaliser le basketball dans notre pays, le rendre compétitif au niveau régional et international en dotant nos joueurs des meilleurs conditions, 5000 BIF est plutôt une somme dérisoire. Il faut aussi que les gens comprennent qu’assister à un match de Basketball c’est de l’ordre du luxe, raison pour laquelle, il faut payer pour cela. Pourquoi tu attendrais toute la semaine pour assister à un match et à la fin tu ne veux pas mettre la main à la poche pour en avoir la possibilité?

Quels peuvent être les avantages pour les joueurs ? 

Les premiers gagnants de tout ce changement sont justement les joueurs. On est dans une phase où tous les rêves sont permis pour les basketteurs burundais. Le reproche souvent fait à ce sport comme aux autres de ne pas assez générer assez de fonds pour permettre aux joueurs de vivre uniquement de celui-ci va s’estomper peu à peu. C’est tellement prometteur d’avoir une fédération dont le souci numéro un est la visibilité du basketball burundais. Sans doutes que cela va attirer les scouts internationaux à s’intéresser aux jeunes talents burundais. C’est clair que les équipes vont réaliser plus de recettes aussi et j’ai espoir que les joueurs verront leurs conditions améliorées.

Que faudrait-il faire pour développer le Basketball féminin au Burundi ?

Conformément aux exigences de la FIBA, chaque compétition organisée doit aussi avoir son volet féminin. Cela dit, il existe une grande différence au Burundi entre le Basketball masculin et féminin, ce dernier étant encore sous-développé. Je pense que c’est un problème de moyens d’abord. Mais avec beaucoup de volonté, la fédération peut faire plus notamment à travers un soutien financier, créer des académies sportives pour les jeunes filles passionnées par le jeu, mise en place des divisions inférieures dans le championnat burundais, conscientiser les parents vu que ce n’est pas du tout évident qu’un parent burundais laisse sa fille se prêter aux sports au regard des clichés que la société burundaise porte à l’égard des sportives. Les clubs féminins doivent aussi résoudre les problèmes de leadership qu’ils connaissent. Donner la chance aux plus jeunes doit être leur credo et surtout avoir une vision bien claire de ce que l’on veut réaliser sur une période bien déterminée parce que bon nombre d’entre eux sont gérés du jour au jour.

Tu reviens d’une pause. Quelle leçon as-tu apprise pendant cette période ? 

D’abord j’ai appris que les gens aiment ce que fait For The Love of the Game et cela est tellement gratifiant. J’ai été inondé par des tas de messages de soutien et d’encouragement.  L’autre leçon est que quoique l’on fasse dans la vie, il y aura toujours des gens prêts à te mettre les bâtons dans les roues mais que ce n’est rien de grave comme le dit si bien Kobe Bryant: « Tout ce qui est négatif – la pression, les défis – est une opportunité pour moi de grandir. »

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