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Guerre en Ukraine: quelles conséquences sur l’économie du Burundi?

@Jimbere | Approvisionnement d'une station-essence de la capitale économique du Burundi, alors que le cours du barril de Brent reste au dessus des 100$

On aurait tort de ne pas scruter les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’économie et le portefeuille des ménages burundais, alors que l’intervention de l’État est vivement attendue pour limiter la casse

La théorie de l’effet papillon a de beaux jours devant elle, en nous rappelant qu’une balle qui siffle à Kiev peut avoir des conséquences sur le nombre de billet qui sortent d’un porte-monnaie à Gitega. Comment, diriez-vous, à 8 405,7 km de distance ? Les chiffres ne mentent pas:

L’angoissante courbe du Brent

Il suffit de regarder tout autour du Burundi pour se rendre compte de la gravité de la situation: le Rwanda vient de revoir à la hausse le prix du carburant, le Kenya fait face à de fortes pénuries d’hydrocarbures, Kinshasa est en alerte, la Présidente Samia Suluhu vient de rétablir la taxe sur le carburant supprimée début février dernier pour faire face aux besoins de subsides gouvernementaux dans les transports, tandis que l’Ouganda a vu le coût du carburant bondir de 39% en trois mois!

Partout, les gouvernements s’empressent de pointer les fortes tensions sur les cours mondiaux du brut, qui ont fortement augmenté en raison du conflit russo-ukrainien. Difficile de voir le Burundi échapper à la tendance haussière régionale, alors que le carburant que l’on utilise est importé des pays voisins, principalement de la Tanzanie. A moins que Gitega poursuive une politique agressive de subvention du coût du carburant pour éviter une nouvelle hausse à la prochaine révision des prix.

Le menace de la hausse du coût du transport

Une nouvelle hausse du prix du carburant au Burundi devrait avoir des conséquences sur les prix des produits importés, mais aussi sur les biens de première nécessité, impactés par le coût du transport.
Les effets seront d’autant plus ressentis que de nombreux ménages à travers le pays tentent de gérer les conséquences de la récente mesure de limitation de circulation des bicycles et tricycles dans la capitale économique du Burundi.

C’est certainement face à cette menace énergétique que le Gouvernement du Burundi a délibérément troqué l’habituel don de riz du Japon, pour 3,2 millions de litres de carburant. Soit l’équivalent de près deux semaines des consommations nationales en essence super et gasoil…

La rareté du blé

Autre corollaire de la guerre russo-ukrainienne: la hausse du coût de la farine de blé. Alors que le sac de 25kg était entre 45.000Fbu et 54.000Fbu de novembre à décembre 2021, il est passé à 57.000 – 68.000Fbu en mars 2022. Et pour cause: le Burundi dépend pour un peu plus de 50% du blé russe, selon les données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.

Les engrais en question

Alors que les analystes pointent la hausse des prix des engrais chimiques sur le marché international privé de l’offre russe, il est important de noter que des plus utilisés au Burundi, le DAP (Di-Ammonique Phosphate), le KCL (chlorure de potassium), ou encore le NPK (azote, phosphore et potassium) sont en hausse sur les cours mondiaux.
Certes sur des pourcentages limités (2 à 5%), mais assez significatifs pour que les mécanismes de subvention gouvernementale restent en alerte afin d’anticiper des hausses plus prononcées.

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