Face à la pollution et l’acidification du sol, causés par les engrais chimiques, certains agriculteurs ont choisi les produits FOMI. D’autres voix proposent le compostage des déchets organiques pour plus de respect de l’environnement.
Les propos de Marie (nom d’emprunt), 55 ans, cultivatrice rencontrée en province Ngozi, sont sans ambages : « Les engrais chimiques sont à l’origine de la dégradation et de l’appauvrissement du sol cultivable. »
Au début, se souvient-elle, elle avait délaissé la fumure organique, utilisée depuis des lustres et opté pour les engrais chimiques pour plus de rendement : « Avec la fumure organique, la croissance des cultures était plutôt lente. » Mais elle déplore son choix : « Ces engrais chimiques ont petit à petit détérioré notre sol. Plus rien ne poussait après quelques années. »
Elle s’est, depuis peu, tournée vers les engrais produits par FOMI (une industrie de fabrication des fertilisants organo-mineraux et de la chaux agricole). Et les résultats ne se sont pas faits attendre : « La production a repris de plus belle et le rendement est meilleur grâce à l’engrais du FOMI. »
Rose (nom d’emprunt) 32 ans, agro-éleveur de Ngozi est du même avis : « Avec l’introduction des engrais organo-mineraux, l’herbe dit « Icanda », nourriture favorite de son bétail repousse à nouveau.
Mais quid de ces engrais organo-mineraux. Par définition, ce sont des produits dans lesquels les éléments nutritifs déclarables sont d’origine à la fois organique et minérale, et sont obtenus par mélange et/ou combinaison d’engrais organique et minéral. Ainsi, la fumure organique trouve comme source principale les végétaux alors que pour les engrais minéraux, la source est l’industrie chimique.
Une solution mais comment ?
Hermenegilde Manyange, directeur général adjoint de la FOMI, explique que l’utilisation des engrais organo-mineraux rentrent dans l’amélioration de l’environnement et la fertilité du sol : « Il est difficile à l’heure actuelle d’utiliser les engrais 100% organiques parce que nos sols sont très pauvres en matière de fertilisants agricoles. »
Et d’ajouter que même si on fait le compostage de ces végétaux qui puisent les éléments minéraux dans le sol, on trouver de la fumure organique qui est très pauvre en éléments nutritifs qu’une plante a besoin pour grandir : « C’est pourquoi on fait recours aux engrais minéraux comme matière première pour compléter les éléments fertilisants se trouvant dans la fumure organique. »
En matière de rendement, Hermenegilde Manyange assure que les engrais de FOMI sont très performants : « Les agriculteurs témoignent que la production est très bonne et que nos engrais ont très bien répondu pendant la saison agricole 2021 A, raison pour laquelle la demande continue à augmenter d’une saison à une autre. »
Sur le plan environnemental, Hermenegilde Manyange assure que les engrais de FOMI sauvegardent la fertilité des sols et protègent l’écosystème et ne favorisent pas de phénomène de dégradation à court ni à long terme : « Dans les engrais que nous fabriquons, on y trouve une portion des engrais organiques contenant du carbone qui va servir comme nourriture aux micro-organismes du sol. »
Bien plus, fait savoir M. Manyange, les engrais de FOMI participent à la protection de l’écosystème et dans l’amélioration des conditions environnementales surtout au niveau du sol, parce que sans la présence de ces micro-organismes du sol, la vie du sol n’est pas. » Et de conclure que d’une manière générale, l’introduction des engrais FOMI a permis la réapparition des espèces végétales en disparition suite à la portion organique se trouvant dans ces engrais.
Divergence des vues
Même si les engrais organo-mineraux présentent un double avantage quant à la protection de l’environnement et l’amélioration de la fertilité, certaines voix se disent insatisfaites à cause à cause de la présence de 50% des engrais minéraux.
C’est le cas de Keza (nom d’emprunt), une écologiste de 28 ans qui propose le compostage des déchets organiques : « Même si les engrais de FOMI ont diminué sensiblement les engrais minéraux utilisés dans ce pays, j’encourage ceux qui le peuvent à pratiquer le compostage des déchets organiques pour le meilleur respect de l’environnement. »
Mais pour Darcy (nom d’emprunt), un économiste de 34 ans, il est encore tôt d’utiliser l’engrais vert à 100% au Burundi. Et pour cause, explique-t-il, le processus de compostage prend beaucoup de temps alors que l’économie du pays est basée principalement sur l’agriculture. Pour assurer notre développement, martèle-t-il, une partie des engrais minéraux est d’une importance capitale : « Tous les écologistes devraient savoir allier environnement et croissance économique. »