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Ecole Ephatha de Gisuru : de l’épanouissement à la compassion pour les enfants sourds-muets

Le Centre Evangélique de la Communauté des églises Emmanueliques de Gisuru accueille plus d’une centaine d’élèves sourds-muets, originaires de Ruyigi, Cankuzo et Rutana. Au-delà de la formation scolaire, les enfants y retrouvent l’affection, le bonheur.

C’est un monsieur barbu, géant de taille, qui accueille l’équipe de Jimbere, dans une localité très éloignée du chef-lieu de Ruyigi, mais proche du centre communal de Gisuru. Le missionnaire Daniel Johnson, responsable du centre, parle aisément le Kirundi, lui qui est américain de naissance. Un étonnement d’abord, puis un plaisir pour nous. Il indique que le centre date de 2017, et que l’objectif est de donner plus d’espoir, de joie, et l’avenir sûr, pour des enfants en situation d’handicap, spécifiquement, les sourds muets.

Parlant justement de joie, celle-là se lit sur les visages de ces enfants. Ils apprennent les notions basiques pour l’écriture «Data na mama bagiye gukora» (papa et maman vont travailler), dans leur propre langage, celui des signes. La classe est très aérée. Seulement 20 élèves la peuplent. «Ils apprennent beaucoup mieux quand ils sont moins nombreux. Cela facilite aussi les enseignants de bien suivre chaque élève. La plupart d’entre eux ont une lenteur marquante quant à l’accumulation de la matière», indique Moïse Bayubahe, enseignant la première année. Ces élèves n’ont pas leur matière spécifique à eux. «Ils suivent le programme des élèves normaux, et le calendrier scolaire est le même. Seulement, une leçon peut durer 45 minutes, car ils affichent un retard considérable au niveau de la compréhension. Sur ce, ils reviennent en classe les après-midi pour avancer leur rythme», ajoute Moïse.

Des difficultés malgré tout

La centaine d’enfants sourds-muets logent et vivent au centre, durant toute l’année scolaire, et la quasi-totalité des charges est assurée par Ephatha. Cependant, comme l’indique Abel Ndikumana, coordinateur du centre, la pauvreté qui sévit dans les ménages, handicape le bien-être de ses enfants et l’exclusion sociale en est le coup fatal pour eux : «La triste réalité, peu de parents investissent en ces enfants vivant avec handicap. Certes, la pauvreté y joue un grand rôle, mais le facteur discriminatoire n’est pas à éliminer. Nous exigeons des parents un minimum pour leur confort, comme les habits, les souliers, et le matériel scolaire. Malheureusement, ces derniers n’y répondent pas favorablement. C’est comme si un fardeau venait de leur être enlevé en les amenant au centre.» Abel indique que le centre aimerait revoir à la hausse le nombre d’enfants à accueillir. Cependant, fait-il savoir, puisque leur suivi nécessite plus d’attention particulière, et les moyens financiers qui s’y rapportent étant exorbitants, ce souhait devient problématique. «C’est un projet qui finira par être concrétisé, car le bien-être de ces enfants, aussi nombreux seront-ils, doit être la première priorité», optimise le coordinateur.

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