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Droits des femmes bafoués : où est passé l’activisme ?

Des cas dits de féminicides : Aline, un cas emblématique

Aline laisse quatre enfants

Après 47 jours dans la morgue, Aline Inarukundo a été inhumée ce mardi, 7 mars. C’était après un bras de fer entre sa belle-famille et sa famille de sang sur l’emprisonnement de Claude Arakaza, son mari, soupçonné de meurtre de sa femme.

Près de 500 personnes se sont réunies ce mardi 7 mars au cimetière de Mpanda où se sont déroulées les obsèques d’Aline Inarukundo, morte dans la nuit de ce 21 janvier dans des circonstances non élucidées.

Un cas dit de féminicide par les proches de cette mère de famille. C’est au moment où des membres de la belle-famille s’y opposent et réclament l’autopsie sur le corps de la victime et la libération de Claude Arakaza, son mari, aujourd’hui mis en examen. 

Autour de la tombe, les deux familles se sont assises séparément. Les 4 enfants d’Aline dont un petit d’un an sont avec leurs tantes paternelles. Le bébé commence à s’ennuyer et pleure. Des émotions sont suscitées dans la foule.

Sous cette ambiance morose, la chorale glisse des morceaux des Cantiques. « Continuez de chanter, nous attendons quelqu’un pour commencer », lance le modérateur des cérémonies.

Après plus d’une quarantaine de minutes, une voiture débarque à bord de laquelle un policier à l’avant et deux autres dans les sièges à l’arrière avec au milieu, Claude Arakaza en costume. Sa présence semble gêner quelques-uns dans l’assistance. Certains éclatent en sanglots, d’autres murmurent. Les chants se poursuivent, visiblement pour couvrir les sanglots.

« Perdre Aline, c’est une blessure grave »

Le modérateur a donné le coup d’envoi après l’arrivée de Claude. « Tous les discours seront orientés dans le cadre de remerciements », a-t-il insisté.

Entre-temps, au moment de se recueillir devant la tombe d’Aline, Claude et les enfants sont partis en premier lieu bien sûr. De retour, des femmes l’ont hué et Claude a fondu en larmes jusqu’à perdre les pédales, il a trébuché et ses sœurs l’ont aidé à mieux s’asseoir. Tout autour de lui, des femmes l’essuyaient le cou, la tête, … il était tout en sueur. Elles ont même essuyé ses larmes.

Avec un regard dirigé vers le cercueil d’Aline, le représentant de la belle-famille a souhaité à madame Aline de reposer en paix, d’éclairer ceux qui connaissent la vérité, ceux qui la cache, et d’éclairer ceux qui l’ignorent pour qu’un jour la justice soit rendue à cette disparue.

Quant à la Bancobu, l’employeur d’Aline Inarukundo depuis 2010 ; elle était, selon lui, une employée sociable et courageuse. “ Elle n’a jamais été en retard et elle a toujours fait preuve de retenue”.

Le grand frère d’Aline n’a pas mâché les mots. “Disons qu’elle se repose, la vie n’a pas été facile sur ce bas monde. Nous sommes devenus orphelins étant jeunes. Nous nous sommes occupés de nos frères et sœurs dans une parfaite harmonie. Perdre Aline, c’est une blessure grave. Quand tout le monde m’appelait pour me demander quoi faire, je me retrouvais en train de composer le numéro d’Aline”, regrette-t-il.

Pour lui, pouvoir enterrer sa sœur, c’est comme si elle ressuscitait. « Imaginez ! elle est morte en janvier et nous sommes au mois de mars. Quand nous avons eu l’autorisation de l’inhumer, nous avons poussé un ouf de soulagement. On dirait qu’elle revenait parmi nous ».

Avant de clore son discours, il a plaidé pour le bien-être des enfants. Il a également demandé aux familles de faciliter les uns et les autres l’accès à ces ’’petits anges’’. 

Pour rappel, quatre femmes de la commune de Ntega, à Kirundo, deux à Rumonge et une à Kayanza et une autre à Makamba sont mortes depuis janvier de cette année. Elles ont été assassinées par leurs maris ou partenaires.

Jusqu’ici, aucune association militant pour les droits de la femme n’a levé un petit doigt pour s’exprimer sur ces cas de féminicides qui se propagent comme un virus dans le pays. La plupart sont souvent orientées dans les violences sexuelles basées sur le genre.

Par Dorine Niyungeko, Iwacu

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