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Burundi : quand la production agricole se quadruple grâce à la dolomie…

L’acidité des terres arables au Burundi étant de 75 %, les agriculteurs bénéficiaires du projet dolomie de IFDC visant la correction de cette acidité s’en réjouissent. Certains admettent que la production de la saison culturale A 2022-2023, va se multiplier par 3 voire 4 par rapport à la production qu’ils recevaient avant l’application de la dolomie dans leurs champs

Du 30 janvier au 02 février, le Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement agricole (IFDC) a organisé une descente dans les provinces de Gitega, Ngozi, Kayanza et Cibitoke afin d’évaluer l’impact de son projet dolomie ayant débuté en juin 2022 dans l’objectif de diminuer l’acidité du sol dans les zones les plus menacées.

Le constat est positif. Les champs dans lesquels a été appliquée la dolomie ont une bonne production par rapport à ceux dans lesquels on ne l’a pas utilisée.

Rose Ndacayisaba, agricultrice de la colline Nyabisaka en commune Mutaho dans la province de Gitega est très optimiste quand elle ballait ses champs d’un regard.

Sourire aux lèvres, en train de sarcler pour la 2ème fois son champ de maïs, Rose dit qu’elle espère récolter plus de 500kg sur une superficie où elle ne récoltait à peine que du maïs en quantité négligeable à griller avant le projet de IFDC à travers son partenaire technique One Acre Fund – TUBURA qui leur a apporté de la dolomie et leur a inculqué des techniques agricoles.

Ce n’est pas seulement dans la province de Gitega où les bénéficiaires du projet dolomie de IFDC se réjouissent de l’efficacité de la dolomie, mais aussi ceux de la province de Kayanza et Cibitoke, la joie se lisait sur leurs visages.

Ndikiminwe Anatole, agriculteur de la colline Ruganza commune Matongo dans la province de Kayanza est reconnaissant envers IFDC à travers son partenaire technique UCODE-AMR, les agriculteurs ont été formés sur les bonnes techniques agricoles centrées sur l’usage des fumures organiques, l’engrais chimique, le traçage des courbes de niveau, ainsi que la pratique de l’agroforesterie.

Ces techniques agricoles apprises à travers UCODE- AMR ont fait que le rendement agricole dans les champs s’améliore remarquablement. A titre illustratif de la bonne production qu’il a reçue, Anatole dit qu’il a récolté plus de 150kg dans un champ où il a semé 6kg.

Et ce n’est pas Déo Manirakiza de la colline Gitukura en commune Mabayi dans la province de Cibitoke qui dira le contraire. Cet agriculteur moderne affirme qu’avant que le projet dolomie de IFDC n’arrive, il utilisait la dolomie mais de manière incorrecte, fausse.

Aujourd’hui, à travers Twitezimbere partenaire technique de IFDC, Déo a su le bon usage de l’application de la dolomie dans les champs. Pour ce, il admet qu’il récoltera plus d’une tonne, dans un champ qui lui donnait moins de 200kg. Cet agriculteur projette acheter des vaches pour avoir des fumures organiques, car, affirme-t-il, la dolomie ne remplace pas les intrants agricoles.

75% des sols burundais sont acides …

L’acidité des sols est un problème réel et commun pour la majorité des sols du Burundi. 75% ceux-ci sont acides, comme le précise Dieudonné Ntanago responsable du projet dolomie à IFDC se basant sur une étude de l’Isabu, l’Université du Burundi et Rodeva en collaboration avec IFDC.

Parmi les conséquences de l’acidité du sol, Ntanago relèvera le blocage de l’assimilation par les plantes de certains éléments nutritifs, une faible activité des microorganismes souterrains, l’apparition de toxicités qui affectent négativement la croissance des plantes et par conséquent leur rendement.

Sur référence de la même étude qui a démontré que la dolomie est composée des ions de magnésium et calcium lesquels corrigent l’acidité du sol, Ntanago fera savoir que c’est dans cette perspective que l’IFDC a initié le « projet dolomie », grâce auquel les agriculteurs des zones les plus menacées bénéficient gratuitement des approches agricoles appliquées et de la dolomie pour leurs champs  afin d’éradiquer cette acidité.

Ce responsable du projet dolomie relèvera que les zones prioritaires d’intervention par IFDC, sont les 9 provinces dont Gitega, Karusi, Kayanza, Ngozi, Bujumbura, Cibitoke, Bururi, Cankuzo et Bubanza. Dans toutes ces provinces, 31 communes ont été identifiées comme les plus menacées par rapport aux autres.

Dans la mise en œuvre de ce projet pilote dolomie, l’IFDC collabore avec des partenaires d’appui techniques dont One Acre Fund -TUBURA, Réseau 2000, Twitezimbere, Adisco, Ucode-AMR, OAP, Inades, Help Channel, Jacaranda

Des actions urgentes, mais aussi des défis…

Dieudonné Ntanago indique qu’avec l’appui technique de ses partenaires, l’IFDC, a pu subventionner près de 10.000 tonnes de dolomie pour corriger l’acidité du sol sur 89 collines avec une dose de correction pour une période de 2 ans. Ce projet a également couvert plus de 4000 hectares et a atteint près de 20.000 ménages.

Dieudonné Ndikumana, technicien au sein de l’UCODE-AMR, indique les agriculteurs que la dolomie n’est efficace que lorsqu’elle est appliquée dans des champs un mois avant le semi, et quand elle est accompagnée par de bonnes pratiques agricoles dont l’utilisation des fumures organiques, semi des semences améliorées, traçage des courbes de niveaux, etc.

Ntanago signale que le Burundi regorge de la dolomie qui pourrait couvrir au moins 100 ans si elle est extraite convenablement. Et il existe au Burundi 4 entreprises productrices de dolomie dont FOMI, Entreprise Jérémie Ngendakumana, AB Géoscience et Stone Society.

Malgré toute cette quantité importante,  Ntanago déplore que la capacité de production actuelle en dolomie ne dépasse pas 126 tonnes par an, alors que les besoins s’évaluent à environ 1.800.000 tonnes de dolomies. Et près de 300 millions d’euros, la somme nécessaire pour extirper l’acide présente dans les 75% des terres cultivables au Burundi.

Ce responsable de IFDC admet que cette somme est énorme et nécessite l’implication de tous les partenaires, surtout les partenaires techniques et financiers ainsi que ceux institutionnels.

Ce projet dolomie de IFDC, compte entamer la deuxième phase où seront ajoutées trois 3 d’autres collines pilotes sur chaque commune se trouvant dans la zone d’intervention.

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