Face aux dégâts récemment causés par les crues du lac Tanganyika, puis de la rivière Rusizi, l’environnementaliste et ami de la nature, Albert Mbonerane précise : « La zone tampon est déterminée, non pas à partir des bords du lac, mais à compter du niveau le plus élevé des dernières crues, et ceci n’a pas été respecté. »
Dans le passé, le lac Tanganyika a connu des élévations cycliques de son niveau. Le phénomène débute en 1878, du temps des explorateurs Livingstone et Stanley, puis en 1938. Mais à cette époque, il y a peu d’habitations qui longent le lac, les dégâts sont moins considérables. Ce n’est qu’au lendemain de l’indépendance du Burundi, en 1963, que la vraie catastrophe s’abat sur Bujumbura.
« Ce fut horrible. L’eau est montée jusqu’au niveau de la Radio nationale (l’actuelle RTNB). L’avenue du Large, la chaussée d’Uvira en passant par le rond-point dit « Chanic » étaient sous l’eau. La route Rumonge était également impraticable à certains endroits. » Rappelle Mbonerane, qui tient ses propos d’un ancien responsable de l’Autorité du lac Tanganyika. Face à l’état alarmant, « une réunion régionale fut tenue à Bujumbura du 21 au 24 avril 1964, pour dresser des codes de conduite, afin d’éviter au préalable la répétition de telles catastrophes. »
Le respect du code de l’eau, la condition sine qua non
Selon Mbonerane, il n’y a pas 36 solutions pour éviter le chaos : « Il faut à tout prix cesser de construire au bord des lacs. Les catastrophes sont naturelles. Pour éviter les dégâts, respectons la zone tampon. Et il faut comprendre que les 150 mètres indiqués dans le code de l’eau ne devraient pas être comptés à partir du lac, mais depuis ses dernières crues. Delà, certains quartiers comme Kibenga rural, Gatumba, Nyabugete ou Kajaga, … n’auraient jamais dû existé, pour éviter les dégâts humains et matériels en cas de montée des eaux du lac. »
Par ailleurs, pour éviter les montées considérables de l’eau, l’environnementaliste interpelle également à la protection des affluents en traçant les courbes de niveau : « Tout le pays a connu une forte pluviométrie de janvier jusqu’alors. Ses pluies torrentielles, liées au changement climatique, entraînent l’érosion du sol, et favorise les crues des affluents du lac Tanganyika et des rivières. »
Pour Mbonerane : « Le monde n’a pas encore trouvé d’armes pour contrer l’eau, en cas de révolte. On devrait toujours garder cette vérité en nos consciences. » Cette vérité s’est en effet manifestée avec les pluies torrentielles d’avril. Par de courtes vidéos, Jimbere a montré les désastres que vivent les plages (Lacosta beach, World Beach, etc..) au bord du lac Tanganyika, qui jadis, faisaient lieux de relaxation, d’ambiances sont actuellement dans un lamentable état.
Dégradant la situation, la rivière Rusizi a fait bien plus par ses crues à Gatumba. Autour de 6.010 ménages constitués de 27.972 personnes, dont plus 22.000 enfants sont aujourd’hui dans le désarroi total.