L’abnégation et l’optimisme sont les principes auxquels il carbure. Ciblé par le Réseau des Organisations des jeunes en Action (REJA) pour son impact positif dans sa communauté, Epitace Nijimbere offre l’image même d’un jeune leader.
Du haut de ses vingt-deux ans, ce jeune lauréat du secondaire nage à contre-courant. Si certains voient que la houe et une personne éduquée sont appelées à être le jour et la nuit, il ne fait pas sienne cette philosophie. Prendre la houe et aller cultiver ne le dérange point : «C’est vrai que certains de mes anciens camarades se moquent de moi quand ils me voient le soir rentrer les pieds couverts de limon et les couleurs de mes habits rendues méconnaissables par l’effet de la sueur», avoue-t-il en riant avant de renchérir, stoïque : «Mais bon, chacun sa vie, moi je ne prends pas au sérieux toutes ces critiques parce que je sais ce que je veux.»
Un parcours de combattant
Si le jeune homme est souvent la risée de ses congénères, ceux qui le côtoient de plus près lui réservent une admiration sans limites. Connu pour son sérieux et son application depuis sa petite enfance, il se voit même appuyé dans ses œuvres par ses proches, qui savent ce dont ce garçon un peu timide et réservé est capable. La preuve, son oncle paternel lui a facilement accordé un local pour qu’il puisse initier un petit projet de buvette. «J’ai commencé avec un maigre capital de 100 000 francs. Petit à petit, j’ai fidélisé la clientèle. Mon business marche plutôt bien car j’ai pu m’acheter quatre pourceaux qui se sont à leur tour reproduits et maintenant j’en ai plusieurs que je ne peux même plus élever tous à la maison. Je les confie à des amis et connaissances qui en profitent surtout pour le fumier».
Un modèle dans sa communauté
La longue année que passent ceux qui ont réussi à l’examen d’État désireux d’intégrer les universités publics est pour certains une période d’oisiveté. Après treize années voire plus passées sur les bancs de l’école, la tentation de souffler en se prélassant au soleil pendant cette providentielle année sabbatique n’est jamais loin. Option sur laquelle Epitace a mis une grosse croix. Pas question qu’il se permette des grasses matinées ou des discussions interminables sur le football avec ses amis. Sa régularité aux champs du matin à la fin de la journée et sa présence derrière le comptoir de son bistrot qu’il gère en bon économe impressionne plus d’un. «C’est un bon modèle que nos jeunes devraient suivre, trouve un de ses voisins, à une époque où ils rêvent tous de s’en aller en Tanzanie ou à Bujumbura, ils devraient rester sur place et s’investir comme il le fait. S’il y arrive, pourquoi les autres n’y arriveraient-ils?».
Bujumbura, Epitace la rejoindra pour ses études universitaires, « en attendant je reste sur ma colline natale pour mes affaires qui, une fois réussies m’aideront à survivre là-bas.»