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Burundi: émissions de carbone presque nulles, mais sévèrement touché par le changement climatique

Une affirmation du nouveau rapport de Christian Aid sur l’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire mondiale, Hunger Strike: The climate and food vulnerability index. Selon ses auteurs, les 10 pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire ne génèrent que 0,08% des émissions mondiales de carbone. A la tête de cette liste, le Burundi, avec la plus faible empreinte carbone de tous les pays …

Les auteurs du rapport expliquent : l’économie du Burundi ne produit que 0,027 tonne de CO2 par personne et par an – un chiffre aussi bas, qu’il est souvent arrondi à zéro. Par comparaison, les émissions générées par un seul citoyen américain sont égales à 581 personnes au Burundi.

Avec près 90% de la population employée dans l’agriculture, le phénomène entraîne des graves conséquences: « Le climat changeant agit comme un multiplicateur de risque, menaçant encore la sécurité alimentaire déjà rendue précaire par la situation politico-sécuritaire fragile », note le rapport. Ainsi, avec un indice de sécurité alimentaire de 23, le Burundi figure en tête de la table d’insécurité alimentaire du rapport.

L’assèchement de la province de Kirundo, un exemple frappant

« Auparavant, cette province était le grenier du pays », rappelle le rapport. Mais aujourd’hui, elle fait face à une pénurie de précipitations, devenues inadéquates et irrégulières : « Au cours des trois dernières ans, il n’a plu que quatre mois au lieu de neuf durant l’année dans les communes de Busoni et Bugabira, jadis considérées comme les régions du pays les plus productrices de céréales », et d’évoquer alors la gravité de la situation : « Cela étant, le pays souffre davantage de l’insécurité alimentaire que de tout autre pays. La prévalence de la malnutrition chronique au Burundi est déjà la plus élevée au monde [56 % des enfants de 0 à 59 mois souffrent de malnutrition chronique, Ndlr], avec un impact économique estimé à 102 millions de dollars américains par an. »

Si rien n’est fait, on court à la catastrophe

Selon toujours les auteurs du rapport, les risques pour la sécurité alimentaire sont les plus élevés pendant la longue saison sèche (mai à septembre), laquelle a augmenté en termes de durée au cours des dernières décennies, et en raison du changement climatique qui persiste, celle-ci deviendra encore plus sèche et plus chaude : « Si rien ne change, les inondations extrêmes et les sécheresses devraient alors entraîner une baisse de rendement de 5 à 25% décennies à venir et réduire la croissance du PIB à long terme de 2,4% par an. »

Pour Philip Galgallo, Directeur de Christian Aid au Burundi: « Le pays est un témoignage vivant de l’injustice de la crise climatique. Bien que nous n’émettions presque pas de carbone, nous nous trouvons en première ligne des conséquences de ce phénomène avec des températures de plus en plus élevées, des précipitations devenues irrégulières et des rendements agricoles insuffisants. »

Et de poursuivre : « Dans un monde juste, nous pourrons nous-même solutionner ces problèmes. Mais comme nous ne sommes responsables du changement climatique, nous seuls ne pouvons pas le résoudre. Nous avons besoin des pays plus riches et plus polluants, de réduire rapidement leurs émissions si nous voulons freiner les ravages du changement climatique et inverser leurs effets. Il est essentiel que les gouvernements des pays développés tiennent compte les avertissements des scientifiques des Nations Unies de réduire leurs émissions de toute urgence. La vie de millions de personnes parmi les plus pauvres en dépendent ».

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