Jadis productif surtout en haricots et maïs au point de desservir presque toutes les provinces du Burundi, Kirundo était le pseudo-grenier national. Cependant, suite au changement climatique et à la mauvaise habitude de tout écouler sur le marché, le grenier a perdu de sa superbe. Malgré cela, tout n’est pas encore perdu.
Léonidas Rivuzimana, directeur du BPEAE (Bureau provincial de l’agriculture, élevage et environnement) fait savoir qu’ils ne ménagent aucun effort pour redorer le blason de l’ancien grenier du Burundi : « Nous sommes engagés plus que jamais dans les marais. Lors de la saison culturale 2022, 270 ha de champs de maïs et 1.500 ha de ceux de riz, 6.000 de patates douces, 300 ha d’oignons et de légumes ont été labouré dans les marais. Quant aux oignons, on a précédemment manqué de marché d’écoulement, car l’offre dépassait la demande. Un kg ne coûtait que 300 Fbu. »
Toujours selon le directeur du BPEAE, la mauvaise gestion de la récolte par les habitants expliquerait, en partie, le manque de nourriture dans cette province. Mais il fait savoir que les agriculteurs ont appris les pratiques de bonne gestion ce qui a considérablement réduit les cas de migration vers les pays voisins à la recherche de petits emplois.
Pour rappel, Kirundo est une province à potentiel agricole élevé pour le haricot et le maïs durant toutes les saisons culturales à travers l’année. Le haricot est cultivé sur une superficie de plus de 40 mille hectares alors que le maïs occupe plus de 35 mille hectares.
L’irrigation, intrant incontournable pour booster la production
Parmi les contraintes auxquelles fait face l’agriculture à Kirundo, figurent la saison sèche qui dure plus longtemps qu’auparavant, l’explosion démographique et la non exploitation des eaux des lacs et rivières, comme le témoigne Miburo, agriculteur de cette province.
Par rapport à ces contraintes, Léonidas Rivuzimana pointe la surpopulation de Kirundo. Actuellement, Kirundo compte près d’un million d’habitants, majoritairement venus des autres provinces, attirés par la fertilité des terres. Cette surpopulation couplée avec l’exigüité des terres cultivables entraîne la réduction des récoltes.
Concernant l’irrigation, Léonidas Rivuzimana mentionne qu’ils n’ont pas les moyens techniques requis pour irriguer une province de 1.703 Km2. « On ne peut qu’irriguer sur un rayon de 50 ou 100 m du bord du lac ou de la rivière. Kirundo est une terre plate, ceux qui cultivent dans les plateaux ne sauront pas comment irriguer leurs champs. Avec nos moyens, on pourrait à peine couvrir les 1.000 ha surplombants le lac. Ainsi, c’est logique que cette superficie irrigable ne pourra en aucun cas nourrir le million d’habitant de toute la province. », précise-t-il.
Léonidas Rivuzimana continue : « Sous l’appui del’ONGFood for the Hungry, nous allons pomper de l’eau pour pouvoir irriguer 10 ha dans la commune Bugabira. Pour la commune Busoni, 4 ha seront également couverts sur financement de la même ONG. Il y a un autre projet de plus grande envergure dans la même commune de pomper de l’eau sur 500 ha que nous comptons réaliser en partenariat avec PNUD. »
Néanmoins, malgré ces efforts de pompage d’eau sur des superficies éloignées des sources dans certaines communes, les problèmes techniques persistent comme le fait savoir le directeur du BPEAE Kirundo. Le Burundi n’a pas encore les moyens nécessaires.
Léonidas Rivuzimana confie que si jamais les moyens techniques adéquats sont rassemblés de manière à irriguer toute la superficie, Kirundo redeviendrait certainement le grenier du Burundi.