C’est le peintre en vogue à Bujumbura. Ou plutôt, au Burundi. Ses tableaux, qui figurent en majorité des femmes, s’arrachent comme de petits pains
« La vie est comme une toile
Une toile qui au départ
On ne sait pas ce qu’elle deviendra
Ça peut-être une ligne, un trait de couleur…
Un gris éclatant? Noir profond? »
S’interroge Aimé Bertrand, dont les textes ont accompagné chaque tableau de l’exposition Vie et Passion. Son auteur, Christian Bujiriri, décrit chaque toile « comme une chanson », et s’en va présenter « son album ».
Quinze tableaux à l’acrylique, mêlant couleurs, formes et matières. « Ces tableaux représentent tout ce qui fait avancer la société mais que celle-ci ignore. Les métiers, les vies, les personnes marginalisées… », telle cette cultivatrice, dénudée car démunie, gousses d’haricots verts et bruns en guise de cheveux… « C’est elle qui nourrit la société, pourtant », fait remarquer Christian, d’un air pensif. Déjà présentée en 2016 à l’IFB, l’exposition fut un énorme succès, ouvrant les portes à d’autres expositions, toutes aussi bien accueillies par le public.
En 2017, Christian fera deux expositions. D’abord Reines guerrières, en hommage aux héroïnes oubliées telle Ririkumutima, la prophétesse Kimpa Vita, Zinga Mbandi, les amazones du Dahomé, etc. Le jeune peintre est un amoureux de la femme et il s’en cache pas. « La femme, c’est le centre de l’humanité. C’est agréable de peindre la femme car elle est plus expressive, plus émotionnelle…et plus belle évidemment! »
Fin de l’année 2017, une série de tableaux en acrylique noir et blanc des figures de l’histoire furent vendus aux enchères en une soirée. Des héros, à commencer par les nôtres Rwagasore et Ndadaye, Mandela, mère Thérésa, Martin Luther King…
En juin 2018, il prépare une autre exposition sur la femme africaine. Oui, encore, des femmes! mais cette fois – ci avec les masques.
Révélé au Burundi
Christian Bujiriri, Chris pour les intimes, est un jeune Congolais de 26 ans. Ingénieur civil de formation, il s’est découvert une âme de peintre ici au Burundi en 2012, à son arrivée. Bien évidemment, il avait la fibre artistique mais jusque là, il ne faisait que de petits dessins, de rien du tout. « C’est en rencontrant d’autres artistes, Nelson Niyakire, Clovis Ngoyi qui m’ont intégré dans le collectif Maoni que j’ai commencé à peindre », confie Christian.
Et depuis, que du chemin parcouru. Quatre expositions avec le collectif Maoni. En 2014, Joséphine Burarame, Directrice de DHL-Burundi et mécène, lui prête un local dans sa galerie « Alexander ». Naît alors « Afrik’art », galerie d’art qu’il occupe avec Dia Sengele, un autre peintre. « Mais ce qui manque, ce que les artistes burundais investissent ce lieu! C’est d’ailleurs en moments de crise, que l’inspiration est la plus présente! », fait savoir l’artiste.