Par Emmanuel Ndagijimana, stagiaire.
Vous vous serez crus dans un mauvais film, si vous étiez à l’Avenue de la Mission, tout près du Bar COSI ce jeudi 11 Aout 2022. La scène: Des enfants en situation de la rue ont essayé de voler un sac à dos qui contenait 2 millions de francs burundais à une passante. Mais la Police les a poursuivis et a réussi à récupérer le sac. Mais pire : un des policiers a été ravi de son pistolet avant que ces enfants aillent s’engouffrer dans des égouts qui leur servent de tranchées.
Le phénomène des enfants de la rue est un sérieux fléau à l’ordre public en mairie de Bujumbura et serait en train d’atteindre un niveau de dangerosité jamais vu, alertent les citadins. En effet, il s’observe des garnements qui se promènent dans des petits groupes de 10 à 25 sujets, volent des gens, volent des rétroviseurs des voitures, bousculent les points d’eau à l’entrée des magasins…et jettent des pierres à quiconque veut les empêcher de se prêter à leur sale bésogne.
Paul Kasuku, tient une échoppe sur l’Avenue de la Mission en mairie de Bujumbura, pour lui ces enfants sont devenus des vrais gangs de bandits qui sèment la panique surtout les matins ou aux heures tardives de la journée : « Ils se déplacent en meute, quand ils te prennent les affaires, ils déguerpissent en groupe. Et si par chance, tu en attrapes un, toute la horde te tombe dessus. Ils te dépècent avec des lames de rasoirs qu’ils ont toujours avec eux. Pas plus tard qu’hier, ils l’ont fait à un collègue. »
Sylvère, un autre collègue de Paul, s’appuie sur la machine à remonter le temps, pour inviter le gouvernement à trouver un remède à ce défi dans les meilleurs délais :« Rappelez-vous des années 2000, quand les enfants de la rue étaient devenus une véritable force de la terreur en mairie de Bujumbura. Ils volaient, violaient filles et garçons, ils arrivaient même qu’ils tuaient, si l’Etat veut vraiment les retirer de la rue c’est le moment d’agir. Il faut vraiment attaquer le problème par les racines, réfléchir sur les moyens de réduire la pauvreté dans les ménages, sensibiliser les gens au planning familial, explorer toutes les autres voies de solution possibles sinon même si des campagnes de les ramener dans leurs communes natales existent, ils finiront toujours par revenir. », analyse-t-il.
Entretemps, l’administrateur de la commune Mukaza, Rénovat Sindayihebura assure que la résurgence de ce problème des enfants en situation de rue qui se comportent en gang de bandits est déjà connu par l’administration. Il fait savoir que certains de ces enfants ont déjà été attrapés par la police. Pour l’administrateur communal de Mukaza, ces enfants doivent tous être retirés de la rue. Signalons que le ministère de la solidarité avait commencé une campagne de ramener ces enfants dans leurs communes natales à partir du 4 Juillet 2022, mais ceux-ci n’ont pas tardé à revenir.
Comment alors trouver une réponse pérenne à cette question ? Et si ce n’était que la partie émergée d’un grave problème qu’est la pauvreté dans les familles ? Qu’en pense les acteurs du domaine de l’enfance ? Jimbere y consacre un dossier à venir.