Plus de la moitié des jeunes au Burundi n’ont pas de connaissances suffisantes sur les méthodes de prévention du VIH/Sida, pourtant la mobilisation semble abandonnée.
Pour mettre fin à ce silence, à la stigmatisation et à la honte qui empêchent les jeunes de recourir à des méthodes de prévention contre le VIH/Sida, et dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la lutte contre le VIH/Sida, le Share-Net a organisé un panel au Martha Hôtel ce 13 /12/2022.
Dans ce débat, les différents intervenants ont souligné que le degré d’implication des jeunes dans la lutte contre le VIH est faible. « Le degré d’engagement des jeunes dans la lutte contre le VIH reste à améliorer », déplore Eric Nsengiyumva, Coordinateur de la plate-forme Ubuntu.
Inégalité dans la prise en charge des adultes et des enfants
Jusqu’au premier semestre de l’année 2022, dans le rapport présenté par le PNLS, on montre que 81.928 personnes sont testées séropositives. Parmi ces personnes testées séropositives 31% sont des jeunes.
Et en 2021, sur 29% de cas d’infection du VIH/Sida, 75% sont des jeunes de moins de 24ans. On souligne également que 15% de personnes âgées de 15 à 24ans sont mortes à cause du VIH/Sida.
Et jusqu’aujourd’hui, on observe une disparité dans la prise en charge pour les adultes de plus de 15ans et pour les enfants de moins de 15 ans. Les adultes de plus de 15 ans subissent une grande prise en charge (97%) que les enfants en dessous de 15 ans (31%), explique Audrey Inarukundo, Directrice exécutive du RNJ+.
Les groupes encore en arrière
Pour faire face à cette disparité qui s’observe dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida, Une attention particulière est nécessaire au groupe de gens qui restent en arrière.
Basélisse Ndayisaba, Coordinatrice à la FHI (Family Health International), montre là où il faut centrer les grands efforts dans la prévention du VIH/Sida : « Il y a des groupes qui restent en arrière. Les intervenants devraient se concentrer sur des groupes spécifiques, particulièrement les enfants, les jeunes adolescents, les populations clé y compris les usagers des drogues et les personnes vivant avec handicap. Les personnes vivant avec handicap sensoriel semblent être ignorées car ils n’ont pas accès aux messages de prévention du fait qu’ils ne sont pas adaptés à leur langage. »
Les bonnes stratégies
Comme le soulignent les panelistes, on constate que le degré d’implication des jeunes dans la lutte contre le VIH/Sida reste insuffisant. Certains adultes considèrent les jeunes comme incapables alors qu’ils sont des adultes en devenir. Rémy Ntahizaniye, psychologue, propose quelques stratégies pouvant améliorer la situation : « Il faut mettre fin à ce silence-là, à la stigmatisation et à la honte qui empêchent les jeunes à recourir à des méthodes de prévention, tels le préservatif et le dépistage du VIH ou autres IST. Il faut organiser les groupes de parole chez les jeunes vivants avec le VIH car certains d’entre eux ont peur de participer, les encourager à participer et à parler de leur expérience à travers les groupes de jeunes. Il faut fournir aux jeunes des services de santé adaptés à leurs besoins et aussi collaborer avec les jeunes. Il faut amener les jeunes vivants avec le VIH/Sida à parler de leur expérience et créer un environnement sain et sûr, favorable, de façon à ce qu’ils voient qu’ils sont soutenus, qu’ils sont en sécurité que ce soit en famille, surtout, et à l’école. »
La préconisation de la loi en matière de la protection des séropositives
Quelques fois, les personnes séropositives sont stigmatisées lorsqu’elles cherchent des médicaments, des préservatifs ou autre méthode de prévention du VIH/Sida. « Il y a des médecins qui nous traitent comme travailleuses de sexe lorsque nous sommes à la recherche des médicaments, déplore l’une des participants vivant avec le VIH. »
Même si l’on constate la négligence et la stigmatisation en défaveur des personnes vivant avec le VIH/Sida, il y a une loi adoptée en 2005 portant sur la protection des personnes vivant avec VIH/Sida, mais malheureusement elle n’a pas été mise en application. Il faut que l’on plaide pour que cette loi soit révisée et qu’il y ait des textes de mise en application pour appuyer cette loi, plaide Audrey Inarukundo, Directrice exécutive du RNJ+.
Un article rédigé par Gérard Niyongabo, issu de la faculté des Lettres et Sciences Humaines, en filière de journalisme, à l’Université du Burundi dans le cadre d’un stage au sein du Magazine Jimbere.