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Barrages électriques: quel impact environnemental ?

Tandis que certains habitants des alentours de ces infrastructures se réjouissent des maisons en briques et tôles qui leur ont été construites. D’autres se plaignent du manque d’électricité alors qu’elle est produite sous leur nez. Obligée de se déplacer, une partie de cette population se lamente de n’avoir pas encore été indemnisée. Coup de projecteur…

Depuis 1986, année du début de production à la centrale hydroélectrique de Rwegura, les populations environnantes n’ont jamais eu l’électricité. Gaudence Minani, résidente de Masango, dans la commune de Bukinanyana en province Cibitoke, n’y va pas par quatre chemins : « Le courant passe au-dessous de nos têtes sans que nous n’en bénéficions! L’on chante partout que Rwegura est la première source d’électricité au Burundi, mais nous constatons que ce sont les nantis des villes qui en bénéficient. Depuis 1986 jusqu’aujourd’hui, les ménages autour de la centrale allument du bois pour s’éclairer alors que le courant est produit chez nous ». 

Philbert Niyoyitungira, le chef de cette centrale hydroélectrique explique qu’il s’agit d’une erreur des mesures d’accompagnement lors de la construction de ce barrage. « Sinon, ces habitants devraient être alimentés en courant électrique comme tout le monde. ». Par ailleurs, pour corriger cette erreur, la Regideso a depuis 2015 installé un réseau électrique pour servir ces populations oubliées à Bukinanyana en province Cibitoke et Musigati en province Bubanza : « Ce projet vise à corriger ces injustices. ». La localité proche du barrage sera servie prochainement : « Les poteaux électriques sont déjà érigés et tous les ménages seront servis jusqu’à un kilomètre du barrage. »

Grognes chez les déplacés concernant des lignes de haute tension

Dans d’autres coins du pays, les populations ont été déplacées pour laisser place à l’installation des poteaux électriques de haute tension. C’est le cas des 417 pylônes qui ramèneront 26MW de Rusumo Falls de la Tanzanie jusqu’aux postes de Gitega, de Kobero et de Muyinga. Comme convenu, chaque foyer se trouvant dans un rayon de 15 mètres autour du pylône, doit recevoir une indemnité d’une parcelle équivalente à celle retirée, conformément à la loi. 

En commune Nyabikere de la province Karusi, au moment de notre passage, à l’endroit communément appelé « Ku Mazi », les membres de la famille de Renate Bangendane, une veuve de 70 ans, étaient en train de recevoir de nouvelles propriétés. 

Cette veuve avait été déplacée avec ses cinq fils et ses belles-filles. Deux de ses fils n’ont pas encore eu leurs nouvelles terres. En effet, la commission chargée des indemnisations n’a pas apprécié le prix proposé pour la vente. Ils demandent à cette commission de redoubler d’effort en leur trouvant des terrains près des autres membres de la famille. Ezéchiel Bagayuwitunze, expert en lignes et réseaux électriques tranquillise: « La commission ne ménagera aucun effort dans la résolution de cette problématique. »

Ceux qui ont déjà reçu leurs indemnités saluent le travail fait. Car des maisons modernes leur seront construites prochainement tout près d’une école, d’un centre de santé, une église et des installations en eau potable. Toutefois, les personnes affectées par ces projets-PAP demandent des capitaux au Gouvernement enfin de pouvoir nourrir leurs familles. « Avant, nous avions des bananerais. Les bananiers qui étaient près des pylônes ont été coupés. Aujourd’hui, nos sources de revenus ont diminué », soutient l’un des fils de Renate. Angelina, sa belle-fille, membre d’une coopérative collinaire, demande quant à elle, un capital pour ouvrir une boutique d’autant plus que dorénavant la famille vivra tout près de la route principale avec toutes les potentialités que celle-ci représente. 

En province Gitega, les habitants vivant tout près des constructions des centrales de l’énergie solaire de Mubuga n’ont pas été déplacées, la colline étant une propriété privée. Concernant les indemnisations des habitants vivant près du réseau électrique de Zege, elles ont été octroyées comme convenu.

Des nouvelles maisons pour les déplacés de Jiji-Mulembwe

Les travaux de construction du barrage hydroélectrique Jiji-Mulembwe ont également occasionné des déplacements de la population. La compensation des terres, des cultures pérennes et saisonnières ainsi qu’une année de compensation pour les agriculteurs perdant plus de 400m² a une valeur de 548.747.655 Fbu.  Félicien Ntawuheburimana, chargé du génie civil au projet hydroélectrique de Jiji-Mulembwe, indique que les habitants ont été déplacés sur de nouvelles terres et des maisons modernes leur ont été construites : « Le projet a construit des maisons en dur à ceux qui ont opté de rester tout près de leurs anciennes propriétés.  Nous avons également construit 17 maisons pour des gens formant un nouveau site. » Au total, 1852 PAP ont été indemnisées pour un montant équivalent à 6.802.615.497 Fbu. 

Et de rappeler que dans ces mesures d’accompagnement, il a été construit des écoles, une église et une route menant vers le site de construction. La construction de toutes ces infrastructures et l’achat de nouveaux terrains dans le cadre de ce projet du Gouvernement burundais financé par la Banque Mondiale, l’Union Européenne, la Banque Africaine de Développement et la Banque Européenne d’Investissement. 

De plus, une clause stipule que ce projet doit d’abord employer les habitants de cette localité : « Ces habitants sont les premiers à être engagés, les autres arrivent en deuxième position pour des postes qui exigent d’autres compétences. », soutient Félicien Ntawuheburimana. Concernant l’accès à l’électricité, ces habitants de cette localité seront également les premiers à être servis.

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