Dans les avenues du centre-ville de Bujumbura, pas mal de galeries fonctionnent grâce à des groupes électrogènes à cause des coupures répétitives d’électricité. Une situation qui s’aggrave dans certains quartiers de la capitale économique. Toutes les pierres sont jetées à la Regideso, qui doit gérer des installations datant parfois de l’époque coloniale en plus des accusations de mauvais service…
La population citadine burundaise pourrait être accusée de grincheuse, si on l’entendait par ouï-dire. Et pourtant, il suffit de se promener dans les avenues du centre-ville pour constater que leurs lamentations sont fondées. A Mairie, zone Rohero, commune Mukaza, sur l’avenue de la Mission, tout bouillonne ! Des allées étroites (car tout est étalé devant les portes), des tailleurs assis le long de l’avenue de part et d’autre, une adresse de ceux qui, jour et nuit, rêvent de sortir de la misère. Mais ce qui gêne le plus les passagers est le ronronnement des groupes électrogènes lorsqu’il y a coupure d’électricité. Souvent, 3 à 4 coupures d’électricité ou plus s’observent au centre-ville de la capitale économique burundaise dans un intervalle de 2 à 5h.
« Notre boss préfère les panneaux solaires. C’est mieux que les groupes électrogènes. Comme ça, notre galerie a toujours du courant » révèle Paul N.*, un employé dans une boutique d’électroménager au centre-ville de Bujumbura, avenue de la Mission.
Ceux qui ne peuvent s’offrir les panneaux solaires, recourent aux groupes électrogènes ou les louent par manque de moyens : « Franchement, je suis déçu. Avant je travaillais à Kamenge, 4eme avenue tout près de la zone. Là aussi le courant manquait souvent. On était obligé de louer un groupe électrogène à trois. Après, j’ai demandé un crédit à la COOPEC pour migrer vers le centre-ville. Regardez aujourd’hui où j’en suis ! J’ai une clientèle mais, le coût du loyer et de l’essence dépasse de loin mes moyens. Si ça continue comme ça, je risque de fermer ! » Se lamente Jean M.* propriétaire d’un petit secrétariat public en dessous du centre commercial Le Parisien. Le même constat s’observe dans d’autres avenues jusqu’à la délimitation de ce centre-ville.
« Pas de pénurie d’électricité: le réseau est vétuste ! »
Alors que pour le client lambda, une coupure d’électricité est équivalente au délestage, les chiffres de la Regideso indiquent que sur la moyenne de 65MW que le Burundi a besoin pour son électrification totale, la production électrique est de 78.7MW.
Du coup, les nombreuses coupures sont dues à la vieillesse du réseau et non au manque d’énergie à fournir, avec des installations datant de la création de la ville de Bujumbura dans les années 60.
Le même phénomène s’observe à Ngagara au quartier II. Il est devenu une habitude et personne n’en parle. La vérité est que cette partie de Ngagara peut passer plus de trois jours sans lumière après le passage d’une pluie torrentielle. Les habitants de cette localité sont résignés : « Le quartier est vieux, ses installations aussi. »
A l’intérieur du pays, cette situation est beaucoup plus rare, localisée dans quelques villes où la population citadine s’accroît, comme à Gitega et Ngozi.
D’autres plaintes se tournent vers un service vu d’un œil mauvais: en cas de panne d’installations, les équipes de dépannages arrivent après des jours, voire des semaines d’attente. Ces pannes concernent souvent les poteaux électriques qui menacent parfois de tomber sur les habitations ou dans des zones à haut risque.
D’après le directeur de l’électricité Ir David Majambere, le réseau électrique vétuste et des installations électriques datant des années 70 non encore remplacées perturbent la distribution du courant. Face à cette problématique, la Regideso a déjà lancé un projet de réhabilitation du réseau de distribution et de remplacement des poteaux pourris supportant des câbles électriques. Mais en attendant son accomplissement, des équipes sont envoyés sur terrain pour des dépannages temporaires.