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Asha Djaffari: au bout de ses rêves

Véritable star dans la ligue tanzanienne, Asha Djaffari aura marqué de son empreinte l’année 2022. D’abord avec son pays qu’elle a guidé dans sa première participation à la CAN et puis son club Simba Queens Sports, qu’elle a aidé à remporter le championnat avec le titre de meilleure buteuse. Tous ces exploits, la jeune milieu de terrain les a réalisés malgré de nombreux obstacles familiaux et sociétaux. Un modèle pour une nation.

L’histoire retiendra qu’elle a été la capitaine qui a mené une sélection féminine  burundaise dans sa toute 1ère participation à la plus grande compétition féminine du continent africain. Un soir du 4 Juillet 2022, les Hirondelles faisaient leur début en Coupe d’Afrique des nations avec une défaite face au Botswana (4-2). Compétition durant laquelle elles ont été éliminées dès les phase de poule après avoir perdu toutes les rencontres restantes (3-1) face à l’Afrique du Sud (3-1)  et le Nigéria (4-0).

La capitaine a été l’une des rares joueuses du Burundi à livrer une copie honorable. Elle a participé à toute les rencontres en tant que titulaire. Elle a même délivré 2 passes décisives sur les rares fois que le Burundi a fait trembler les filets adverses. Loin d’être déçue, elle a appris : « En se frottant au haut niveau, on gagne en expérience. »

« Elle a dû batailler ferme »

Pour arriver à ce niveau, il a fallu une détermination sans faille à cette native de Buyenzi, ce quartier populaire de Bujumbura réputé pour être le berceau du foot burundais. A ses débuts, comme la plupart des filles d’ailleurs, elle a eu des soucis. La jeune prodigue fait savoir que, pour arriver à faire comprendre à sa famille que le football pouvait devenir une profession, ce fut assez dur: « Mes parents considéraient le football comme un sport réservé seulement aux hommes. Donc il était presque impossible pour moi d’envisager une carrière de footballeuse. » Elle avoue s’être disputée à mainte reprises avec sa mère parce que, pour elle, c’était inconcevable d’entendre que son unique fille pouvait se passionner pour le ballon rond. Un sport sans avenir, selon elle. « Elle rêvait me voir faire de grandes études et me marier très tôt

Cadette dans une fratrie de 7 enfants, du haut de ses 24 ans, malgré les réticences familiales, la perle Burundaise a gravi les échelons petit à petit. Ses premiers contacts avec le ballon rond se font dans sa famille même. « Tous mes grand frères étaient des joueurs amateurs. Tantôt je les accompagnais jouer les matchs inter-quartier, tantôt je jouais avec eux dans les célèbres derbys qui opposaient les rues de Buyenzi.»

 Harouna Djaffari, frère de la capitaine, la décrit comme une enfant passionnée par le foot dès son enfance, mais aussi très résiliente  malgré les barrières que la société lui imposait. « Elle était la seule fille autorisée à participer dans ces tournois des jeunes garçons de Buyenzi. Vous pouvez me croire : elle a dû batailler ferme pour gagner cette place. »

Une passion devient profession

Avec son talent précoce, en 2011, à seulement 13 ans, elle intègre l’équipe de  PVP Buyenzi. 3ans plus tard elle poursuit sa carrière dans le Western FC, club de 1ère division Ougandaise. Là, l’aventure ne s’annonce pas rose. Elle a du mal à s’adapter, et opte pour le retour à la case départ dans son cher club, le PVP Buyenzi. Ce retour se révélera gagnant puisque, 2 ans plus tard, elle remporte consécutivement le titre de meilleure joueuse du championnat féminin du Burundi pour les saisons 2017-2018 et 2018-2019. Ces récompenses feront écho dans les pays de la sous-région. Consciente de la convoitise qu’elle suscite, elle optera pour Simba Queens, club du richissime milliardaire tanzanien, Mohamed Dewji.

Asha Djaffari joue actuellement sa 2ème saison à Simba Queens  où elle empile les buts. Leader technique chez les championnes de la Tanzanie, elle s’est distinguée en remportant le trophée de la meilleure buteuse de ce championnat  avec 26 goals. Mais si elle marque, elle fait aussi marquer les autres : elle a distribué 16 « caviars. » Ses performances sont appréciées par les dirigeants de Simba Queens, et elle assure  maintenant qu’elle vit bien de sa passion. « Le foot, c’est désormais une profession. Je gagne bien ma vie, le salaire que je reçois me permet de joindre les 2 bouts et d’économiser pour ma famille.»

 Heureuse de son contrat en Tanzanie, elle ne compte pas s’arrêter là. La capitaine des Intamba ambitionne de créer une académie de football féminin, et entend raccourcir le parcours que les filles doivent souvent emprunter pour décrocher des contrats professionnels.

Gardant l’espoir que, cette fois, son rêve de faire une carrière en Europe deviendra réalité, la capitaine demande avec détermination aux familles burundaises de ne plus bloquer les filles dans leur passions, que ce soit dans le sport ou dans d’autres domaines de choix. Objectif : laisser les Burundaises expérimenter leurs capacités, et bien exploiter leurs talents.

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