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Les premiers chiffres sur l’artisanat au Burundi: révélateurs!

Le Ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme à travers la Direction Générale de l’Artisanat se félicite de la première phase d’identification des artisans burundais. 13.153 acteurs ainsi qu’un effectif de 129 métiers ont été répertoriés dans neuf provinces du Burundi. Le topo

Pour la première fois de son histoire, le Burundi parvient à se doter des statistiques propres au secteur de l’artisanat. Les 129 métiers qui composent ce dernier, répartis en trois aires générales (production, art et services) ont été catégorisés en 12 filières. Dans les neuf provinces sur lesquelles porte la première phase du recensement, c’est-à-dire Bururi, Cibitoke, Gitega, Karusi, Kayanza, Kirundo, Muyinga, Mwaro et Ngozi, on remarque déjà que beaucoup d’artisans sont dans le textile, suivi par les services, l’agro-alimentaire, les terres cuites, etc.

De tous les artisans recensés, 32% sont des femmes contre 68% d’hommes, alors que 56% sont des jeunes de 35 ans au plus. Même si la Politique nationale de l’artisanat veut qu’aucun artisan ne travaille encore en solo à l’horizon 2032, seuls 2% et 3% des recensés travaillent respectivement en coopérative et en groupements, contre une écrasante majorité de 95% qui travaillent chacun pour soi.

Quant au revenu tiré des différents métiers, un artisan burundais fait un chiffre d’affaires annuel moyen de 1.108.296 Fbu, soit 390$. « Ce barème ne fait pas l’unanimité, car les enquêtés évoquent difficilement leurs revenus. Même ceux qui y parviennent ne soulignent que les bénéfices, au lieu de penser à tout le volume des ventes », confient les enquêteurs. Un indice qui indique la rentabilité du secteur, généralement sous-évalué.

Pas d’accompagnement post-formation

L’artisanat fait partie des secteurs prioritaires mis en avant dans le Plan National de Développement – PND 2018-2027. Dans son axe d’intervention relatif au développement des secteurs miniers industriel et artisanal, l’objectif stratégique que vise le PND est de valoriser la contribution du secteur artisanal dans la richesse du pays.

Pour réussir ce pari, la mise en lumière des données statistiques en rapport avec le secteur est l’une des étapes cruciales. Sans chiffres, le secteur peine à trouver des investissements, déplore Pascal Barutwanayo, Directeur Général de l’Artisanat: « L’artisanat est jusqu’ici qualifié d’informel. Les centres de formation, peu existants et sous la gestion du Ministère en charge de l’éducation, se focalisent plus sur les théories que la pratique. Or les artisans formés ont besoin d’un accompagnement post-formation dans la conquête du marché, le marketing, la capitalisation de leurs entreprises, etc. »

Un accompagnement d’autant plus pertinent que la majorité des artisans exercent à temps plein: 84% sont des permanents contre 11% qui travaillent à temps partiel, les 5% restants étant des saisonniers.

L’importance des foires

©Jimbere | Plusieurs boutiques existent à Bujumbura réunissant des artisans qui offrent des produits « made in Burundi », achetés principalement par les expatriés

La note introductive du PND sur le secteur artisanal revient quant à elle sur les défis liés à la valorisation des produits locaux qui n’est pas encore au rendez-vous, et qui influence négativement la consommation locale, le difficile accès des artisans au crédit bancaire, le manque d’information sur le développement de nouvelles filières plus compétitives, etc.

« Pourtant, malgré les défis, l’artisanat reste un domaine important dans l’économie du pays. Avec des artisans présents sur toutes les collines du Burundi, leur participation dans des foires régionales (seuls 51 artisans des enquêtés, soit 0,3%, y ont déjà participé) ouvre la voie à des échanges des techniques ainsi que la conquête de nouveaux marchés », apprécie Pascal Barutwanayo.

A noter la prochaine occasion dans ce sens: la 23ème édition de la foire régionale des micros, petites et moyennes entreprises de l’EAC dénommée « Jua kali/Nguvu kazi » se tiendra au Burundi en décembre 2023.
Dans le viseur du Ministère ayant l’artisanat en charge, ce secteur constitue un locomotif, non seulement pour l’industrie, mais aussi pour le commerce, la culture et l’industrie. D’où, selon Barutwanayo, l’intérêt de regrouper tous les artisans dans des associations et coopératives pour un accompagnement collectif évoluant vers la mise en place des pôles artisanaux.

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