Lors d’une table ronde à Bujumbura, les leaders d’opinion ont exhorté la jeunesse burundaise à s’impliquer davantage dans les instances régionales. Une rencontre qui met en lumière les défis d’inclusion, d’éducation et de compétitivité face aux autres pays membres.
Le 27 juin 2025, au siège de BBIN à Kigobe, les jeunes étudiants et entrepreneurs burundais ont pris part à une table ronde consacrée à la politique jeunesse de la Communauté Est-Africaine. Une occasion pour les leaders d’opinion de mobiliser cette génération à devenir actrice de son avenir.

La table ronde organisée au siège du Burundi Business Incubator (BBIN) à Bujumbura, sous le thème « Table ronde de consultation sur la politique jeunesse de la Communauté Est-Africaine (EAC) », a réuni des figures majeures engagées dans le développement régional : Joas Irahoza, ambassadeur adjoint de la jeunesse de l’EAC auprès du Burundi, Pierre Claver Rurakamvye, député émérite du Parlement Est-Africain (EALA), et Isaac Bakanibona, représentant de l’ACOPA-Burundi et président du Forum des OSC de l’EAC.
Les organisateurs à savoir BBIN, la plateforme EAC Youth Ambassador Platform et YouLead ont mobilisé des jeunes universitaires et des entrepreneurs autour d’une vision commune : faire émerger une jeunesse responsable, ambitieuse et intégrée à la dynamique régionale.
Une politique jeunesse ancrée dans les réalités africaines
Dans son intervention, Isaac Bakanibona a rappelé que la politique jeunesse de l’EAC repose sur les fondements des Nations Unies et de la Charte Africaine de la Jeunesse. Elle reconnaît le poids démographique et stratégique des jeunes dans le développement de la région.
Il a insisté sur l’intégration des jeunes dans les organes décisionnels, la valorisation de leurs idées, ainsi que la multiplication de clubs EAC dans les écoles pour renforcer leur implication : « La jeunesse doit saisir ces opportunités et prendre pleinement part à la vie communautaire. »
Inclusion, équité et respect culturel

Joas Irahoza a, de son côté, souligné les défis persistants : non-scolarisation, handicap, inégalités entre filles et garçons. Il a plaidé pour une politique contextualisée selon les réalités de chaque pays. Parmi ses axes clés : le respect des croyances culturelles, l’équité dans l’accès aux ressources et l’inclusion du genre.
S’exprimant sur les barrières linguistiques, il a salué l’adoption du français comme langue de travail de l’EAC, ce qui ouvre de nouvelles portes aux jeunes burundais souvent francophones: « Il faut dépasser les blocages linguistiques et se battre pour occuper une place juste au sein des instances régionales. »
Cela étant, il leur a conseillé de ne pas se limiter à la seule maîtrise du français : « Mais essayez de renforcer vos compétences en anglais et en swahili. »
L’appel à l’action: audace, compétence et visibilité
L’honorable Pierre Claver Rurakamvye a invité la jeunesse à se montrer proactive : « Ce ne sont pas les opportunités qui manquent, mais les jeunes qui s’y engagent. Allez au-delà des diplômes, devenez performants. »
Il a encouragé les jeunes à fréquenter les plateformes EAC et à exploiter stratégiquement les réseaux sociaux pour accroître leur visibilité. « Des jeunes sont sélectionnés à des événements simplement parce qu’ils ont posté du contenu utile. »
Une jeunesse globale
Les participants ont eux aussi livré un message fort : « Nous ne sommes pas qu’un produit du Burundi, nous sommes des citoyens du monde. Créons des opportunités internationales. »
Ils ont appelé à une utilisation plus constructive des smartphones, et souhaité que l’État organise davantage d’ateliers d’information sur l’EAC.
Compétition régionale et esprit entrepreneurial
Dans une dynamique complémentaire, Isaac Bakanibona a dénoncé l’usage passif des téléphones par la jeunesse burundaise: « WhatsApp et TikTok ne doivent pas être des fins en soi. Recherchez l’information, postulez aux sommets EAC, comme ceux qui ont déjà été financés à hauteur de 5 000 à 10 000 dollars. »
Joas Irahoza a alerté sur l’écart entre la jeunesse burundaise et celle des autres pays membres : « D’autres utilisent ces plateformes pour se former et progresser. Il est temps pour nous de faire de même. »
Enfin, il a appelé les jeunes à se regrouper, s’organiser autour d’objectifs clairs, échanger leurs idées et mettre en place des stratégies pour surmonter les obstacles.
Et après?
« Nous devons agir comme des entrepreneurs. On ne nous donnera pas des postes à l’EAC parce que nous sommes Burundais, mais parce que nous sommes compétents et que nos actions parlent pour nous. »
Dans le même élan, Hon. Rurakamvye a rappelé que l’EALA est actuellement présidée par un Burundais, une opportunité unique pour transmettre les aspirations de la jeunesse locale. Et de conclure : « Ayez confiance, engagez-vous, sollicitez les autorités. Le reste viendra. »
L’événement aura marqué les esprits par une vérité simple mais puissante : l’avenir est entre les mains d’une jeunesse consciente, connectée et décidée à jouer son rôle dans la grande aventure est-africaine.




