Le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement avec la contribution du Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement agricole « IFDC » à travers le projet « PAGRIS » organisait du 21 au 22 septembre 2023 à Kabezi, un atelier de vulgarisation d’un Document d’Orientation Stratégique d’Aménagement des Bassins Versants « DOSABV » à l’endroit du personnel du BPEAE, des administratifs et des hauts cadres des corps de défense et de sécurité de la province de Bujumbura.
Depuis 2020, avec la contribution de IFDC à travers le projet d’Appui pour une Gestion Responsable et Intégrée des Sols PAGRIS, le Gouvernement du Burundi se dote d’un Document d’Orientation Stratégique d’Aménagement des Bassins Versants « DOSABV » qui a pour ambition d’orienter les travaux d’aménagement suivant des règles standardisées et une approche d’interventions sur terrain harmonisée,
Mais, comme le fait savoir Dismas Minani, directeur chargé de la vulgarisation et sensibilisation sur les pratiques agricoles au ministère en charge de l’environnement, ce document n’a pas été assez compris et vulgarisé par tous les acteurs qui interviennent dans le domaine d’aménagement des bassins versants. Par conséquent, la réalisation des travaux de protection des bassins versants et de lutte antiérosive ne s’est pas conformée à des règles et normes standardisées et les différents partenaires utilisent des approches d’intervention différentes et non harmonisées.
De ce fait, « l’on notera une diversité des techniques, une multiplicité des approches, une cartographie déséquilibrée, un manque de la coordination des intervenants et des interventions », confie Minani.Etde justifier l’intention de vouloir corriger ces erreurs et ces différences de mise en pratique de ce document qu’une session de vulgarisation du DOSABV a eu lieu au niveau provincial par les BPEAE de la zone d’intervention du projet PAGRIS pour expliquer et appeler à tous les intervenants du domaine de se conformer à ce document.
A cet effet, Dismas Minani, fait savoir que ce document propose une harmonisation des techniques et des approches d’intervention associées à une coordination efficace du fait que tous les intervenants s’alignent derrière les mêmes principes convenus, adoptent les mêmes techniques proposées pour des sites présentant les mêmes caractéristiques et exposés aux mêmes aléas et utilisent la même approche communautaire, participative et inclusive.
DOSABV, un document salué …
Nestor Butoke cadre du BPEAE à Bujumbura se réjouit que ce document vient à point nommé, car, confie-t-il, le Burundi est exposé à une dégradation incessante due à plusieurs facteurs dont la déforestation, les mauvaises pratiques agricoles, la mauvaise affectation des terres, le surpâturage et les feux de brousse tous liés à la recherche de la satisfaction des besoins de la population.
Il fera savoir que toutes ces pratiques anthropiques font que le pays souffre des effets du changement climatique notamment la sécheresse, les inondations, glissements de terrain, envasement, pollution des lacs et des cours d’eau, destructions des infrastructures sociales et économiques entraînant des manques à gagner importants, des maladies et famines récurrentes ainsi que le déplacement des populations.
« Le DOSABV est pour moi un nouveau système de gestion et de gouvernance des terres qui soit en mesure de répondre de manière systématique et intégrée à ce défi crucial de développement », constate Butoke.
Satisfait du contenu du DOSABV, Daniel Mazarahisha, directeur du BPEAE dans la province de Bujumbura promet de vulgariser le contenu dudit document dans toute la province pour que les agriculteurs cultivent suivant les directives données : « Toute la population doit désormais tracer les courbes de niveaux, planter des herbes fixatrices pour combattre avec énergie l’érosion, planter des bambous sur berges des rivières et des ravins ainsi que le reboisement dans l’objectif de protéger les bassins versants et enfin contribuer à l’amélioration de la production agricole »
Le DOSABV, aussi une stratégie pour booster la production agricole
Les exploitations agricoles sont à la limite de leur exploitabilité avec une taille moyenne de 0,5 ha par exploitation et les revenus des ménages s’amenuisent progressivement alors que le secteur agricole contribue à 39,6% au PIB (PND 2018-2027), selon le DOSABV. La restauration des terres est une des solutions devant ce problème de dégradation.
Daniel Mazarahisha, confie que les travaux d’aménagement des bassins versants vont avec l’utilisation d’une approche intégrée qui combine : le traçage des courbes de niveau, la plantation des herbes fixatrices, des arbres agroforestiers, l’utilisation des semences sélectionnées, des fumures et des fertilisants organo-minéraux, contribuera à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable pour tous, l’augmentation des revenus des ménages et des devises pour l’Etat, la fourniture de la matière pour le secteur industriel et la création d’emplois dans le secteur de la transformation et des services connexes à l’agriculture.
Selon le DOSABV, à l’horizon 2027, le Burundi a pour objectif : l’aménagement et la gestion rationnelle de 100 % des bassins versants pour augmenter la productivité et la production agro-sylvo-zootechnique ainsi que la conservation et la gestion durable des ressources naturelles.
Pour ce faire, L’aménagement des bassins versants au Burundi se doit de suivre des principes clés du DOSABV garantissant des résultats durables et ayant des effets concrets sur l’augmentation des productions agricoles pour les agriculteurs burundais, comme le recommande Dismas Minani.
Notons que d’autres ateliers de vulgarisation du DOSABV ont été organisés dans les provinces de Cibitoke, Bubanza, Makamba, Rumonge, Gitega et Muyinga.