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Un peu d'Histoire...

Akabindo, akanogo, … Quand le slip n’existait pas encore au Burundi

Ce bout de vêtement n’est pas connu dans l’histoire ancienne de l’habillement au Burundi. Il est totalement un acquis de la civilisation occidentale.

L’origine du caleçon ? Les Burundais répondent sans aucune hésitation qu’elle est occidentale. Dans le Burundi pré-colonial, les vêtements pour adultes étaient faits soit en peau d’animaux, soit en écorce de ficus battue ou tressée dans des feuilles de bananiers. Quant aux enfants, ils marchaient nus jusqu’à la puberté. A ce moment, les parents leurs donnaient l’« Akabindo », un vêtement enroulé autour de la hanche et bordé par des cordelettes qui vont jusqu’aux genoux. Il jouait le rôle de cache-sexe et convenait aussi bien aux jeunes filles qu’aux jeunes garçons. Il était généralement abandonné au mariage pour les jeunes filles.

Discrimination liée à l’absence des caleçons et serviettes

Par manque de petites culottes et de serviettes hygiéniques, les jeunes filles à l’âge de puberté, surtout avec l’apparition des premières règles, subissaient une sorte de discrimination par leurs parents. En effet, pendant les règles, les mères exigeaient à leurs filles d’aller dans l’« akanogo » pour ne pas salir la maison familiale. Akanogo était un petit trou creusé dans le sol à l’extérieur de la maison, qui devait contenir toutes les pertes de sang de la fille jusqu’à la fin de la période de menstruation. Ce petit trou était hébergé dans un petit taudis couvert parfois par les feuilles de bananes. Et le repas de la jeune fille y était servi : d’où l’expression « kuja ku kanogo ».

Sur le chemin...Les « traces » du non-port du caleçon

« Lors les moments ludiques, comme celui d’ugukobeka intobo » que les filles jouaient assises par terre, les jeunes garçons en profitaient pour lorgner le sexe des filles, qui, chaque fois, laissaient des ‘traces’ dans la poussière », témoigne un nonagénaire.

La vieille expression « kuyaga amasigara cicaro » qui est encore couramment utilisée, prend origine dans le fait que le port des slips n’était pas dans les habitudes des Burundais, y compris les adultes. Ainsi, les Bashingantahe (sages/notables de la colline en costume traditionnelles « Imbega ») siégeaient pour trancher les conflits, assis par terre. Comme ils ne portaient pas de caleçons et que la plupart étaient de vieux messieurs, certains frappes d’incontinence, parfois, des bouts d’excréments appelés « amasigara cicaro » (« les restes de la place sur laquelle on était assis ») étaient trouvés sur place.

Avec le Burundi colonial, les choses n’ont pas beaucoup changé. Les vêtements modernes introduits par les Arabes puis par les Occidentaux étaient en grande partie, des culottes, pantalons, chemises, jupes, pagnes et des couvertures.

C’est au début du 20ème siècle avec l’introduction de l’éducation formelle au Burundi par l’église catholique, que le slip a été aussi introduit dans les milieux scolaires. Pourtant son usage n’a pas été répandu dans la société burundaise, il est resté le propre des « personnes civilisés ».
L’histoire retiendra que le président Jean Baptiste Bagaza, qui a aboli le port des couvre-lits pendant la journée par les hommes, grand réformateur social n’a pas réussi à imposer le port des caleçons en milieu rural.

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