De l’émotion à l’heure de la distribution de ce numéro spécial. Des images qui reviennent, les débuts de l’aventure Jimbere sur une terrasse, les discussions enfiévrées sur les chances de voir l’initiative prendre, le premier numéro et ce tordu sujet sur « les slips au Burundi », les attaques de certains lecteurs qui soupçonnent le mensuel de vouloir « noyer l’actualité sombre du pays dans des publications rose-bonbon », les rires et un peu de tristesse, le soutien précieux de SaCoDé, les longs mois d’attente sans publication faute de moyens, avant de reprendre avec le même enthousiasme et la même créativité.
Et puis cette belle opportunité, grâce à l’UNICEF, d’avoir le Magazine Jimbere distribué dans presque toutes les écoles fondamentales du Burundi au nom de la promotion de l’éducation de qualité pour tous. L’idée que des centaines de milliers d’écoliers et élèves vont lire nos pages, que leurs yeux seront un instant remplis des couleurs des récits de Jimbere…
Oui, il y a de l’émotion.
Mais aussi le sentiment que nous n’avons pas eu tort de projeter, il y a trois ans, le besoin d’une presse jeunesse. A l’époque, nous écrivions que « si le Burundi veut se défaire des violences générées et entretenues par le biais de la jeunesse comme on l’a vu en 2015, il faut que les jeunes s’approprient le récit de leurs rêves, et de leurs sueurs ».
L’évolution du paysage médiatique nous donne raison sur toute la ligne. Qu’ils soient issus de la ruralité ou des villes, qu’importe leur statut social, les jeunes, friands d’information, bourgeonnant de vie et profitant du faible coût d’accès à l’Internet au Burundi, investissent principalement les réseaux sociaux, lieu d’expression et des projections, après avoir été celui de la contestation. Ils sont là, et pour y rester, comme diffuseurs, consommateurs, commentateurs, animateurs, scrutateurs, etc.
Cette vague de « prise de possession » du récit collectif et individuel s’accompagne par l’émergence de nouveaux visages. Dans tous les domaines de production économique et culturelle du Burundi. Dans le sport autant que dans la presse.
Dans une société, chaque crise porte en elle les germes d’un monde nouveau, meilleur. C’est pourquoi notre magazine s’appelle « Jimbere ».