Les étudiants du Bac II du département de la science de l’animal dans la Faculté d’Agronomie et de la Bio-Ingénierie (FABI) sont en grève depuis ce 25 septembre. Ils réclament les arriérés de deux tranches de prêt-bourses impayées, soit 360000 fbu par individu. Le doyen de la faculté qui ne nie pas cette irrégularité dit cependant que les étudiants y ont une part de responsabilité, et par conséquent ne sont pas dans le droit de grever, ce que le délégué de ladite classe réfute en bloc.
Depuis le début de cette année académique, cette classe de l’un des 6 départements de FABI n’a jamais eu le droit de visiter les guichets de la poste. Et pourtant, leurs camarades des autres départements ont déjà eu deux fois cet honneur qui ne vient qu’une fois le trimestre. Ne pouvant plus tenir face aux exigences de la vie, ces étudiants décident de patienter mais étant à la maison. « Des cas d’irrégularité sont normaux. Difficile est de comprendre comment une réclamation peut trainer jusqu’à plus de 4 mois. Pour exiger une réaction immédiate car les étudiants étaient à bout de patience, la grève était l’unique moyen » déclare Cassien Ndayikunda, le délégué de cette classe.
Étonnamment, le doyen de ladite faculté, Mélance Ntunzwenimana ne reconnait pas cette grève, croyant ces étudiants en cours « Depuis ce 25 septembre date à laquelle ils disent avoir débuté la grève, ils sont en travail personnel de l’étudiant. Ils ne sont pas attendus physiquement en classe. Il y a de ça trois semaines, il nous ont fait parvenir une lettre de préavis de grève mais aussitôt, nous nous sommes assis avec eux et nous les avons tranquillisé car leur dossier est en train d’être traité minutieusement.»
Cassien Ndayikunda balaie ces allégations d’un revers de la main: « Le doyen est le mieux placé pour savoir que la dernière séance du cours devrait se terminer vendredi et pourtant on a refusé de l’assister mercredi, date d’échéance du préavis de grève. Et d’ailleurs même lors de notre rencontre, on lui a clairement signifié que nous ne pourrons pas tenir une fois que nous ne serions pas régularisés. Les étudiants sont à cours d’explications auprès de leurs créanciers et surtout les propriétaires des maisons qu’ils viennent de passer plus de 6 mois sans payer le loyer »
Le doyen de la faculté et le délégué s’accusent mutuellement
Pour justifier sa position de non reconnaissance de la grève de ces étudiants, le doyen jette la responsabilité au délégué qui selon lui « aurait décidé d’emmener les listes des contrats des étudiants personnellement à Bujumbura alors que les autres délégués les ont déposé aux décanats. Malheureusement, il les a remis dans de mauvaises mains et ne sont jamais parvenus au destinataire ». Cassien, le délégué, renient ces accusations. « Les listes ont été remis au délégué de niveau qui nous représente tous et il les a toutes acheminé où il se devait. Qu’à cela même ne tienne, quand l’irrégularité s’est déclarée le doyen lui-même est venu les récupérer. Mais ça n’a rien donné car des mois après nous ne sommes pas encore régularisés ».
Le commissaire à la bourse ne dément pas les explications du délégué mais regrette que celui-ci n’ait pas été patient « Quand il m’a expliqué le problème de sa classe, j’ai pris la question en main. Lui-même était informé de l’évolution de la situation, il aurait dû attendre un peu car la situation pourrait se débloquer à tout moment ». Et le délégué de justifier son manque de patience: « Les étudiants étaient à bout de patience. Pour avoir attendu pendant si longtemps mais en vain, nous étions dépassés. Dans nos voisinages, aucun créancier ne nous fait plus confiance et nos stocks sont épuisés depuis belle lurette»