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Autonomisation des femmes

Gitega: de démunies à autonomes, la success story des femmes de la colline Kibiri

Ces femmes rurales regroupées dans différentes associations d’épargne et de crédit dénommée « Nawe Nuze » appuyées depuis 2022 par l’UNICEF Burundi et l’ONG FVS-Amade, sur la colline Kibiri, en zone Mwunga, de la commune et province Gitega sont un exemple à suivre…

Au milieu d’un ciel inclément chargé de nuages et une pluie fine, elles n’ont pas plutôt froid aux yeux. Âgées entre 20 et 40 ans, elles sont plus que des femmes au foyer. C’est à peine qu’elles se rappellent le premier jour où elles se sont rencontrées.

Agricultrice, Emmanuella Ndekatubane confie avoir pris son destin en main: « Le fait que je m’en sors aussi bien, je le dois à ces associations qui ont transformé nos vies. Auparavant, j’étais tellement pauvre, cultivant pour les champs d’untel afin d’avoir de quoi mettre sous la dent. Mais de nos maigres moyens, nous pouvons aujourd’hui épargner, ou recourir à des crédits en cas de besoin. »
Du haut de ses 38 ans, celle qui affirme « ne plus avoir peur d’une dépense imprévue de 10.000 Fbu, que j’ai facilement en prêt », se réjouit qu’elle soit parvenue à transformer son taudis en logis, avec en parallèle un petit commerce d’avocats: « Le plus réjouissant est que désormais, nous les femmes contribuons au bien-être de nos familles respectives puisque nous assurons la ration alimentaire chaque fois de besoin. »

Un grand pas dans la vie de ces femmes de la colline Kibiri, selon Jeanne Nininahazwe, présidente de l’une des associations d’épargne et de crédit. Baignant dans un manque d’estime de soi accentué par une marginalisation sociale, il était plutôt difficile pour ces femmes d’amorcer des initiatives pouvant générer des revenus, fait savoir Jeanne. « Grâce aux formations sur le changement de mentalité et l’entrepreneuriat fournies avec l’appui de l’UNICEF Burundi et de l’ONG FVS-AMADE, nous sommes parvenues à adopter les meilleures pratiques de gestion des biens communs en initiant des projets rentables afin de s’autodevelopper et développer nos communautés. »

Pérenniser les acquis de « Merankabandi »

Regroupées au sein des associations d’épargne et de crédit dénommées « Nawe Nuze », ces femmes sont pour la plupart des bénéficiaires du projet d’appui aux filets sociaux « Merankabandi phase 1″. De 2019 à 2021, elles recevaient un montant de 40.000 Fbu tous les deux mois par transfert mobile via leur téléphone portable, afin que leurs ménages puissent sortir de la pauvreté.

Par l’initiative de l’UNICEF Burundi et de l’ONG FVS-AMADE, elles poursuivent l’ambition d’améliorer constamment les lendemains: « Le fruit de ces groupements dont les membres fructifient les acquis de Merankabandi – est là: ces femmes ont initié des projets d’agriculture, d’élevage des chèvres, de porcs, de vaches, etc. Grâce à l’UNICEF Burundi, leurs initiatives ont été appuyées avec des moyens financiers nécessaires, pour leur mise en œuvre » pointe Rémy Nteziryayo, coordinateur de FVS-AMADE à Gitega.

Ainsi, poursuit Rémy, pour assurer aussi la réussite de ces projets, l’UNICEF Burundi a contribué à la formation des vétérinaires, des agronomes et des moniteurs agricoles accompagnant ces femmes regroupées en associations: « Ces groupements ‘Nawe Nuze’, qui disposent désormais des règlements d’ordre intérieur, sont triplement bénéfique puisqu’ils permettent de faire des épargnes et d’accorder des crédits, d’alimenter une caisse solidaire et une caisse dédiée à l’achat du matériel scolaire pour les enfants, à la rentrée scolaire », ajoute-t-il.

Dans cette province Gitega, ce programme de pérennisation des acquis du projet « Merankabandi » intervient sur 60 collines de 4 communes, à savoir Gitega, Buraza, Itaba et Bugendana.

Un exemple à suivre

À travers les plateformes collinaires et communales, l’UNICEF Burundi via l’ONG FVS-AMADE offrent des moyens financiers et techniques à ces femmes pour mettre en œuvre leurs projets. « Ces deux organisations nous ont également donné un capital de 2 millions Fbu pour se lancer dans l’élevage. Aujourd’hui, au niveau de la plateforme des groupements collinaires d’épargne et de crédit, nous avons 12 chèvres, certaines d’entre elles ont déjà mis bas six chevreaux. Nous possédons aussi 12 porcs et une vache. En outre, c’est grâce à ces deux organisations que nous avons eu accès aux cartes de mutuelle dénommées ‘Tuvuzanye’ », se réjouit Audrine Irakoze, membre de ces groupements.

Cette autonomisation économique des femmes ouvre les vannes au renforcement du leadership féminin sur la colline Kibiri, indique Espérance Nshimirimana, agent de santé communautaire: « Désormais, les femmes de notre localité se font élire dans les postes de prise de décision comme les conseils collinaires ou parmi les membres des conseils des notables collinaires. Leur forte participation à la vie politique est le résultat de leur autonomisation et des formations fournies par l’UNICEF et la FVS-AMADE. »

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