En quête de réconciliation par elle-même, la société burundaise se heurte constamment aux attitudes d’accusations mutuelles entre citoyens. Au risque bien évidemment de réveiller les démons du passé…
Plutôt d’actualité, certains messages ont tendance à pointer du doigt gratuitement un groupe social comme étant fauteur de troubles lorsque des problèmes surgissent. Cela rappelle, soutient Denise*, habitant la colline Mutambara, de la commune et province Rumonge, les discours qui ont marqué l’opinion à la suite des tristes évènements qui ont endeuillé le pays : « La crise de 1993 a créé des dissensions entre différents de la population qui se sont reprochés verbalement les responsabilités des affres qui accablaient la communauté. »
Néanmoins, la société est aujourd’hui loin de sortir de l’auberge. Les militants des partis politiques, révèle Charles*, habitant lui aussi la colline Mutambara, ne se gênent pas à blâmer sans ambages leurs adversaires en les incriminant de tous les maux qui hantent la communauté : « Il n’est pas rare d’entendre les uns accusant les autres d’être responsables du mauvais climat ou d’un dysfonctionnement qui règne dans une entité commune. »
Un sentier vers la violence
Pourtant, regrette toujours Charles*, ce comportement ne va pas sans conséquences. À titre illustratif, poursuit-t-il, les jeunes politiquement engagés ne cessent de se chamailler à cause de telles diatribes : « Parfois, lors des campagnes électorales, ils se lancent réciproquement des attaques verbales, et ça finisse souvent dans des collisions plus violentes.»
Cela étant, signale Libère Bizimana, conseiller provincial chargé des affaires juridiques, des politiciens peuvent instrumentaliser les membres des partis politiques afin d’assouvir leurs intérêts sectaires : «Certains se voilent la face en dressant leurs fidèles contre les adversaires pour récupérer la confiance dans l’opinion.»
Des messages à éviter
Selon Hélène Mpawenimana, docteur en sciences de la communication, les messages qui pointent du doigt aux autres sont des messages généralement basés sur les problèmes qui existent déjà ou bien des problèmes qui naissent dans une communauté ou dans la société : « L’objectif principal de ces messages vise l’affaiblissement du groupe tenu comme groupe adversaire. » Avec la pénurie de certains produits de première nécessité, explique-t-elle, une catégorie de personnes peut être arbitrairement tenue pour responsable du chaos.
Pour que les leaders cessent de diffuser des messages qui pointent du doigt les autres, recommande Mme Hélène, ils doivent exercer leurs fonctions comme il faut sans favoriser les uns ou les autres : « Comme l’être humain est faillible, en cas d’erreur, le mieux est d’avouer la faute et d’accepter de corriger la situation avant que des dégâts ne se produisent. »
Quant aux leaders, conclut Hélène Mpawenayo, ils doivent accepter d’être conseillés afin de satisfaire tout le monde et éviter le fait de pointer du doigt les autres.
*nom d’emprunt