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Souvenirs d’enfance: «Mon premier voyage à la campagne, entre émerveillements et angoisses»

A l’heure où les grandes vacances touchent petit à petit à leur fin, bon nombre des enfants de Bujumbura n’ont pas l’occasion de rendre visite à leurs grands-parents restes à la campagne. Pas mal d’entre eux sont obligés de grandir ignorant les origines de leurs parents. Pour Offre Liena, adolescente et citadine, cela est bien déplorable et ne devrait pas plutôt être le cas. Elle nous relate ici son excursion cet été à l’intérieur du pays, chez ses grands-parents.

Ah, la campagne…, j’avais 7 ans quand je la découvre. Je pars avec tous mes caprices de gamine gâtée de Bujumbura. La vie à la campagne? Je crois qu’elle est tout à fait différente voire étrange de celle que nous menons à Bujumbura. J’éprouve alors une envie toute justifiée de rendre visite à mes grands-parents maternels, eux qui me sont très chers et que j’ai rêvé de rencontrer depuis longtemps. Leur domicile est à Ijenda. C’est ma tante qui va m’offrir cette joie de m’y rendre. Quel beau cadeau !

La nuit a été un peu longue pour moi, idéalisant le voyage. Quand arrive le beau jour tant attendu, nous embarquons alors vers les montagnes de la région Mugamba. Une vingtaine de kilomètres de Bujumbura plus loin, je commence soudainement à avoir froid. Au fond de moi, je commence à m’exciter car, les premiers changements prenaient place.

Arrivée au centre d’Ijenda, le climat est tout simplement glacial. Dans ma tête, je ne cesse de penser à mes amis laissés à Bujumbura qui ignorent la fraîcheur du climat des montagnes, la douceur de celles-ci quand elles sont enveloppées par la brume ou encore le charme spontanée naissant de la verdure des vallées.
Et ma tante murmure dans mon oreille «urugendo ruracabandanya» (nous ne sommes pas encore arrivées à destination).

On doit passer de voiture à moto, car le sentier est trop étroit et moins pratique pour y accéder à voiture. Un nouveau challenge que j’adore pourtant.

Les enfants de la campagne: un nouveau monde

Ma première vue à l’arrivée, ce sont des enfants pieds nus, pleins de boues, du corps aux vêtements. Ces derniers nous observent, tels des martiens sur terre. Dépaysée, j’en fais aussi autant. Ma tante me somme par un geste de les saluer, leur faire un sourire que j’exécute, il est plastique mais ce n’est pas grave, le contact est plutôt établi. Puis, on entre dans le «rugo» de mes ancêtres.
Imaginez-vous que c’est la toute première fois de ma vie que je vois pour une vache, vivante, pas dans les livres. Je suis émerveillée. Mes grands-parents nous manifestent le plus merveilleux des accueils. On tient de bonnes discussions, ils me chérissent et me montrent tant de choses qui m’étaient jusque-là inconnues.

La nuit tombée, nous nous sommes tous réunis tout près de la chaumière, mon grand-père commence à nous raconter comment ils vivaient à l’époque, et d’autres contes très intéressants. L’heure du repas finalement arriva, au menu: des patates douces non épluchées avec des haricots. Un autre challenge. Jamais je n’avais vu ce plat. Curieusement, toute la maison salive, moi la petite gamine de Bujumbura exceptée. Je fais comme tout le monde, et comme par surprise, le repas est très délicieux.

La nuit battant son plein, mais tellement en avance qu’à Bujumbura, grand-mère mère me montre où je vais dormir. Pas un lit, mais autre chose qui en a plutôt l’air. Mais loin l’idée d’en faire mes caprices. La fatigue pèse lourd. Je m’endors tellement bien, pleines de découvertes.

Au réveillon, je suis la dernière à bouger les sourcils.
Tout le monde s’était bien réveillé avant moi. Je me promène alors dans la cour, il fait tellement beau. Mon grand-père en train de traire les vaches, ma grand-mère qui tient les jambes de son petit veau.

Les jours passent, et je m’habitue à la vie de la campagne avec ses multiples activités comme puiser l’eau de fontaine, garder les vaches, accompagner les adultes dans les champs. La semaine que j’avais s’est plutôt révélée tellement courte, qu’une envie de rester m’animait.

J’ai adoré la vie de la campagne, on y vit en harmonie avec la nature, on y respire de l’air non polluée, pas de nuisances sonores, et les enfants ont le champ large pour jouer sans risque de tomber sur une rue passante, depuis ce beau temps passé, une grande liaison m’attache à cet endroit, à la famille qui y est restée. Une expérience très enrichissante dont chaque enfant devrait gouter les délices dans chaque période de grandes vacances.

Cet article a été produit par Offre Liena, dans le cadre du projet de renforcement des compétences des lauréats du programme « Enfants Journalistes » de l’UNICEF.

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