Au moment où les pays de la Région des Grands Lacs traversent des conflits incessants, la Benevolencija éveille la conscience des producteurs d’information pour agir en bouclier.
Malgré certaines communautés régionales qui rassemblent les pays de la Région des Grands Lacs, ceux-ci vacillent toujours face aux conflits géopolitiques sur fond des discours envenimés et des polarisations identitaires.
Ces discours qui règnent souvent chez les leaders d’opinion entravent les relations harmonieuses des pays des Grands Lacs. Souvent, les médias et des personnes notoires dites « influenceurs » sont employés dans la propagation de ce virus.
C’est dans le but d’éveiller la conscience de ces acteurs que la Benevolencija organisait ce 20 décembre 2024 un atelier d’échanges à Bujumbura autour du thème « Rôles des producteurs d’information dans la prévention de la polarisation identitaire et les messages de haine dans la région des grands lacs. »
Nestor Nkurunziza, chef de mission de la Benevolencija explique : « Les producteurs d’information ignorent souvent les conséquences de leurs diffusions. Notre souhait est que les médias fassent un réseau pour la mise en œuvre des recommandations qui visent la prévention des violences. »
Les polarisations au sein des médias.
Les enjeux derrière les discours polarisants sont légion. Pour Charles Makoto, directeur de la Radio Isanganiro, la polarisation se traduit dans les messages des communautés qui ont pour but de maintenir les divisions identitaires pour arriver à des fins exclusives : « Alors que les médias sont les miroirs de la société, c’est dans ces derniers qu’on voit diffuser ces messages qui peuvent même mener à la violence. »
Quant à Arlette Mpundu, directrice des programmes au sein du Magazine Jimbere, certains soi-disant influenceurs utilisent les messages divisionnistes pour s’attirer plus de followers, ou encore pour des intérêts personnels illicites.
Se basant sur l’histoire du Burundi parsemée de crises identitaires, Claude Nkurunziza, directeur de la Radio Rema FM, affirme : « L’héritage historique ou l’éducation communautaire d’un individu peuvent peser sur ses contenus. »
Une lutte qui s’impose
Lors des échanges, les participants ont identifié certaines responsabilités à prendre pour prévenir les messages polarisants, tout en soulignant le rôle des médias et créateurs de contenus eux-mêmes qui doivent prendre le devant : les médias doivent faire preuve de plus de professionnalisme dans leur métier d’informer, former et divertir tout en étant conscients des impacts que cela engendre dans la communauté. Ces mêmes acteurs ont également un rôle crucial dans la sensibilisation du public pour savoir identifier et dénoncer les discours de haine.
Les leaders d’opinion sont également appelés à bannir les messages divisionnistes et de toujours agir de façon exemplaire. En outre, ceux-ci devraient cesser de manipuler les médias, mais plutôt jouer le rôle de réconciliateurs.