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Société

Recherche de la vérité : enjeux et défis

Dans tout processus de recherche de la vérité, certains se cachent derrière leur groupe d’appartenance pour cacher leur responsabilité dans les crimes commis dans le passé. Cette attitude est non seulement une entrave à l’objectif visé mais présente également un risque pour la réconciliation, dixit Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits …

Comment expliquer l’attitude des gens qui se cachent derrière leur groupe d’appartenance lorsqu’on évoque les crimes du passé ou qu’on veuille savoir ce qui s’est passé ?

Dans un premier temps, cette attitude reflète la peur des gens qui ne veulent pas qu’on pointe du doigt ceux qui sont responsables des différents crimes commis dans le passé. La première raison est liée à notre passé où les différents crimes commis dans notre pays ont toujours été attribués aux groupes ethniques. Il y a eu un langage de globalisation, un langage de généralisation. On disait tel groupe ethnique a fait ceci, tel autre groupe ethnique a fait cela, ce qui constitue un handicap au processus de recherche de la vérité.

L’autre raison ?

La deuxième chose c’est qu’il y a des gens qui savent bien qu’ils sont responsables des différents crimes qui ont été commis et lorsqu’on se trouve dans une situation où la vérité va être dévoilée, ces gens-là cherchent à se couvrir à travers leurs groupes ethniques en disant « ok, voilà, maintenant avec ce processus, c’est notre groupe ethnique qui est visé » et ainsi, au lieu de faciliter le processus de recherche de la vérité, ces gens commencent à biaiser ce processus en cherchant la couverture de leurs groupes ethniques. Et c’est un problème parce que vous comprenez bien que si la situation se présente ainsi, le processus de recherche de la vérité ne va pas vraiment aider les Burundais à trouver la vérité par rapport aux différents crimes commis.

Donc cette attitude cache la peur de subir des représailles ?

Effectivement et pourquoi la peur ? Ceux qui sont responsables de ces crimes pensent qu’une fois la vérité dévoilée, révélée, la justice va s’en prendre à eux et donc ils ont peur des conséquences qui peuvent s’en suivre. Ensuite, ces gens ont peur de perdre leurs intérêts quelque part du fait que les Burundais sauront que telle ou telle autre personne est responsable de ce qui s’est passé. Si par exemple quelqu’un occupe une fonction importante dans la gestion du pays et que demain tout le monde découvre qu’il est responsable de ce qui s’est passé, vous comprenez vous-même ce qui peut s’en suivre.

Quelles sont les conséquences de cette attitude sur les victimes et sur le processus lui-même ?

Elles sont multiples. En premier lieu, je dirais que les premières conséquences vont s’observer au niveau du processus de recherche de la vérité. Si des gens continuent à cacher la vérité en cherchant la couverture de leurs groupes ethniques, le processus de recherche de vérité va, à un certain moment, produire un rapport qui aura un mélange d’informations c’est-à-dire des données effectives bien sûr mais également des données biaisées et vous comprenez qu’il n’y aura pas de réconciliation.

Par la suite, les conséquences seront du côté des victimes. Elles ont besoin de savoir ce qui s’est passé, non pas pour se venger mais pour enfin tourner la page parce que la vérité soulage d’une manière ou d’une autre, même s’il y a d’autres initiatives qui doivent être menées, toujours dans le cadre de bien gérer ce processus afin qu’il n’y ait pas cet esprit de vengeance surtout du côté des victimes.

Quelle attitude devrait-on adopter pour la connaissance de la vérité et la réconciliation ?

Le gouvernement doit prendre les devants dans ce processus de recherche de vérité en rassurant les responsables des crimes afin qu’ils facilitent le processus de recherche de vérité en leur assurant qu’il n’y aura pas de vengeance mais plutôt certaines actions dans le cadre de compensation à l’endroit des victimes. Du côté des victimes, il faut une justice restauratrice et ces responsables doivent participer dans ce processus de compensation ou de restauration. Des actions concrètes doivent être menées pour qu’ils participent à ce processus et qu’ils demandent pardon aux victimes.

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