Pour la première fois, les assises des journées annuelles du Club des dirigeants des banques et des établissements de crédit d’Afrique se sont tenues du 23 au 24 juin 2022 au Burundi. Pour cette occasion, les différents échanges portaient sur le thème central : « Les grands défis actuels des banques africaines, enseignements des dernières crises pour l’économie et les banques. »
A entendre les débats menés à l’occasion de ces rencontres de grands banquiers et économistes, il s’avère nécessaire aux banques africaines de réadapter leur mode de fonctionnement au vrai contexte africain pour que l’économie n’en subisse pas les conséquences.
Pour rappel, 30 millions d’Africains ont basculé dans l’état d’extrême pauvreté suite à la Covid 19. Et pourtant, comparé aux autres continents, l’Afrique est le moins frappé par cette pandémie. Au niveau mondial, le Fond Monétaire International-FMI a dû déverser une somme de 285 milliards de dollars américains de financement supplémentaire pour essayer d’atténuer les conséquences de cette crise sanitaire sur les économies des pays.
Hormis la covid 19, la récente crise ukrainienne menace les économies des pays d’Afrique, surtout ceux importateurs du blé et du pétrole. Qu’il soit en période de crise ou non, les banques africaines doivent jouer leur rôle : celui de financer l’économie.
???? Le #Burundi abrite en ces 23 et 24/6/2022, la 32è édition des journées annuelles du Club des Dirigeants des Banques et Établissements de Crédit d’#Afrique
— Jimbere (@JimbereMag) June 23, 2022
✍????Participation de grandes personnalités du monde des finances pour réfléchir sur les grands défis des banques africaines pic.twitter.com/UW7Rqkzxri
Une place de choix aux PMES
Face à la résurgence des différentes crises, le secteur bancaire africain devrait envisager une stratégie plus efficace pour financer les économies, recommande Sylvère Bankimbaga, le Burundais à la tête du club des dirigeants des banques et établissements de crédit d’Afrique.
Au regard de sa taille, soutenir l’économie africaine, c’est du moins renforcer le financement des petites et moyennes entreprises (PME). Néanmoins, ces PMEs restent moins servies auprès des banques, la réticence au risque oblige. S’il faut créer des fonds de garantie pour contrecarrer cette réticence, il s’en va aussi d’accompagner ces PMEs dans la gestion des affaires et de la trésorerie.
Pour Fernand Gaboumba, Directeur général de LCB Capital (Brazzaville), le système financier d’Afrique subsaharienne est peu développé. En outre, l’accès aux services financiers formels reste limité pour la plupart des ménages. En outre, certains de ces ménages sont peu confiants du secteur bancaire et de ses produits.
Toujours selon Gaboumba, l’épargne reste faible et le portefeuille crédit dominé par les crédits de court terme. La grande part des financements bancaires est tournée vers les Etats, le marché de capitaux est peu développé… Or, « développer de grands marchés de capitaux une l’une des voies à travers lesquelles on pourra accroître les financements de long terme » fait-il savoir.
La clientèle avant tout
Réformer le secteur bancaire en Afrique, c’est également recourir à sa digitalisation effective et cela, à tous les niveaux de la chaîne de valeur. Il est aussi indispensable d’approprier l’offre bancaire aux besoins de la clientèle. La population africaine est majoritairement agricole. Ici, Alassane Diallo de la BNDA (Banque Nationale de Développement Agricole du Mali) insiste sur le rapprochement de la banque à sa clientèle. « Ce n’est pas logique par exemple d’évaluer la crédibilité d’un agriculteur sans qu’on ait au moins une idée sur ses champs », déplore-t-il.
Le professeur Léonce Ndikumana va évoquer à son tour la notion de clientèle avisée. Autrement dit, le client doit être le mieux indiqué sur le fonctionnement de sa banque et la gamme de produits que celle-ci lui offre. Pour ce faire, les banques voudraient bien appuyer les gouvernements dans le renforcement de l’éducation financière d’une part et fournir de bonnes informations à leur clientèle d’autre part.