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Gouvernance

Promesses non tenues, accélérateur de violence de masse

Démocratie oblige, l’accession à certains postes électifs tant dans les structures publiques que privées est conditionnée par certains mécanismes d’interactions entre électeurs et élus. Si ces derniers n’honorent pas leur engagement durant leur mandature, la cohésion peut être fortement compromise…

Aussi délicat que cela puisse paraître, certains candidats sont politiquement motivés à faire miroiter un brillant avenir pour séduire leur électorat. Et ce n’est plus un secret de polichinelle pour les habitants de la colline Bibare, zone Rushubi, en commune Isare, de la province Bujumbura.

Violette* (38 ans), habitante de cette colline s’insurge contre les discours de certains hommes politiques qui promettent monts et merveilles afin de récolter le maximum de votes. Ici, elle rappelle qu’ils leur présentent souvent comme perspective attirante la revue à la baisse des prix des denrées alimentaires une fois élus : « Leurs slogans de campagne assurent que chaque citoyen aura à manger, et le kg d’haricots s’achètera à 500 FBu, mais ce n’est que du leurre puisque ça n’est jamais arrivé jusqu’ici. »

Non loin de là, Jean Claude* enfonce le clou. Certains candidats n’hésitent pas à jurer qu’ils concrétiseront des promesses quasi irréalisables, confie-t-il : « On entend parfois pendant la période électorale que chaque ménage recevra du bétail, que tous les jeunes ne connaîtront plus de chômage, que chaque citoyen aura droit à des soins de santé gratuits… »

Des crispations en vue

Tout de même, ces habitants de la commune Isare craignent pour autant que de tels comportements de certains leaders trompant consciemment l’électorat puissent tourner au vinaigre. « C’est la perte de la confiance et de la crédibilité institutionnelle qui s’installe de facto. Quand le peuple ne croit plus à l’autorité en place, l’anarchie s’établit à différentes échelles et le risque des violences de masse est presque inévitable », raisonne Jean Claude*, de la colline Bibare.

Des dissensions entre membres d’une communauté peuvent s’en suivre, lorsque la situation qui prévaut ne reflète pas les promesses électorales, interpelle Gilbert Niyonkuru, administrateur communal d’Isare : « Ils peuvent tomber dans le piège de l’intolérance suite à une divergence de vues, et s’entretuer à cause de l’absence d’un bon leadership. »

Un raccourci à rectifier

Expert et consultant en leadership, gouvernement et développement personnel, Acher Niyonizigiye prévient les potentiels candidats à la veille des prochains scrutins : « Il est tout à fait possible que des promesses  à réaliser puissent créer une situation de tensions qui peuvent déboucher sur la violence. » Par connexion émotionnelle avec un candidat qui donne le changeà travers des fausses promesses, explique-t-il, certaines gens ne vont pas raisonner et prennent pour argent comptant tout ce qui est dit. En outre,  certains ne s’entendront pas avec ceux qui remettent en cause de tels discours et si rien n’est fait pour apaiser la situation, ça peut dégénérer.

A différents leaders, Mr Acher suggère de dire la vérité au peuple, à l’électorat. Chaque fois qu’un candidat gagne par un mensonge, soutient-il, celui-ci est renforcé dans la culture politique. Et avec une culture de mensonge, on ne peut que s’attendre à des problèmes, du moins pour la nation. Et de marteler : « Ne cherchez pas vos intérêts au détriment de l’intérêt général, puisque dans ce cas, c’est la défaillance morale. »

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