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Petit séminaire de Buta, un exemple dans la transmission non violente des mémoires

Parler du passé douloureux de manière non violente en milieu scolaire peut atténuer la prolifération des messages de haine. Pour le vérifier, nos reporters se sont rendus au petit séminaire de Buta où 40 élèves ont été assassinés en 1997. Récit.

Christ Bonheur Araganje, natif de Bururi, élève au petit séminaire de Buta depuis 2018 affirme que les élèves vivent dans la concorde, échangent entre eux sur ce qui s’est passé sur cette école en 1997 et essayent de voir comment dépasser ces clivages ethniques en s’appuyant justement sur le bon exemple montré par leurs ainés qui ont refusé de se diviser et  accepter de mourir en martyr.

Comme lui, ses camarades disent être armés pour faire face à toute sorte de division ou manipulation grâce aux séances d’échanges organisées par les éducateurs du petit séminaire : « Ils insistent sur le fait que ces événements du passé qui n’ont plus d’importance, qu’il ne faut pas déterrer le passé et qu’il faut se tourner vers l’avenir dans l’harmonie en évitant tout discours qui peut pousser les Burundais à s’entretuer de nouveau sur base de leurs différences. »

L’unité comme mot d’ordre

Ces propos sont corroborés par l’Abbé Oscar Nizigama, recteur du petit séminaire de Buta, qui confie que le petit séminaire de Buta prépare sereinement les nouveaux élèves à chaque rentrée scolaire : « Nous leur offrons des messages qui les édifient surtout en partant de l’évènement tragique qu’a connu cette maison : la disparition de 40 jeunes. Un prêtre rescapé qui était à l’époque éducateur, se rend disponible et livre aux nouveaux élèves un message édifiant qui les prépare à être des hommes dignes qui pourront bien servir, demain, cette nation et l’église. »

Recteur du Petit Séminaire de Buta

A la question de savoir s’il discerne de la haine dans cette transmission de la mémoire, le recteur du petit séminaire de  Buta, répond qu’il n’a jamais observé auprès de ses élèves de l’animosité liée au passé douloureux qu’a connu cette école. Mais même si cela arrivait, assure-t-il, la première réaction serait de rassembler les élèves et de leur rappeler qu’ils partagent le même destin.

L’abbé Léopold Mvukiye, éducateur au petit séminaire de Buta depuis 1991, abonde dans le même sens. Il se souvient que le mot d’ordre même pendant la crise de 1993, était l’unité : « Ce qui s’est passé en 1997 où les élèves ont refusé de se séparer selon leurs ethnies sur ordre de leurs assassins, est le fruit de ces enseignements d’unité et d’amour. »

Prodiguer des conseils pour éviter le pire

Pour lui, il faut insister sur ces enseignements surtout auprès des nouvelles générations car grâce à cela, des gens ont caché ceux qui n’étaient pas de leur ethnie pendant les tueries qui ont frappé notre pays : « Des gens ont été sauvé grâce à ces enseignements autour de l’unité et de la fraternité. »

A ceux qui continuent de propager des messages d’incitation à la haine surtout auprès des jeunes, l’Abbé Mvukiye demande d’arrêter : « Il y a des choses qui ne sont font pas comme pousser les gens à commettre l’irréparable et nous l’avons vu dans le passé et les conséquences sont toujours là. »

Louis Nduwimana, conseiller du gouverneur de Bururi

Contacté, Louis Nduwimana, conseiller du gouverneur de Bururi chargé de l’administration et des finances, a de l’espoir que les évènements survenus  dans le passé, ne se reproduiront plus parce que le discours officiel est clair : « Aucune autorité ne fait de distinction entre les gens. Le discours prône l’unité. » Et s’il advient que des messages divisionnistes soient véhiculés, surtout à l’approche des élections, ces jeunes y font face sereinement parce qu’ils sont armés par des conseils prodigués par leurs éducateurs, des autorités administratives, etc.

 Et si par malheur un élève participe à semer la division, l’administration l’approche, à la demande des éducateurs de son école, et lui prodigue des conseils. 

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