Loin d’imaginer que les lieux de communion de confessions religieuses soient une citadelle de discours de haine. Une réalité pourtant…
Diviser, c’est le mot qui est sur toutes les lèvres des habitants de la commune Tangara, en province Ngozi, quand on aborde le sujet. Ce n’est pas un secret de polichinelle : certains leaders religieux sèment la discorde chez les fidèles. Et pour cause la recherche des avantages autour de dividendes et de dimes crée des dissensions entre les membres des églises.
Cette attitude est empreinte de cupidité, témoigne Martin Ngenzebuhoro, secrétaire exécutif permanent de la commune Tangara : « Parfois, certains responsables religieux échouent à leur mission d’enseigner la bonne parole basée sur l’amour, la paix et la coexistence pour s’accaparer des gains pécuniaires en divisant leurs ouailles afin de mieux se couvrir contre des éventuelles mis en doute de la gestion de leur église. »
Ainsi, le chaos s’installe au sein des confessions religieuses et les fidèles tombent dans le panneau de ceux à qui ils avaient mis toute leur confiance, indique Gérard*, de la colline Nyagasebeyi, en commune Tangara : « Des blocs naissent les uns contre les autres pour se ranger de deux côtés qui cherchent à satisfaire leurs intérêts personnels. »
Des dérapages pernicieux
Pire encore, certains leaders religieux instrumentalisent des identités ethniques et des régimes politiques à des fins divisionnistes : « Souvent, ils sont à la solde des politiciens qui veulent à tout prix acquérir une hégémonie au sein des membres d’une église afin que sa formation politique soit influente dans toute la communauté. », regrette Prosper*, habitant la même colline Nyagasebeyi, en commune Tangara.
Par-dessus le marché, ils usent un langage confus qui laissent transparaître une volonté de faire rompre l’unité morale qui guide la communauté : « Certains messages comme « nous sommes une race élue par Dieu, les autres ont une mauvaise croyance… » sapent la sérénité et les esprits faibles peuvent se rentrer dedans. », souligne un autre habitant de la colline Nyagasebeyi, qui a requis l’anonymat.
Garder le cap en toute circonstance
De par leur influence, les leaders religieux ont la responsabilité de préserver l’harmonie de la société, observe Acher Niyonizigiye, expert en leadership : « Les religieux devraient être des nageurs à contre-courants, quand l’opinion s’engouffre dans la haine. Leurs choix doivent être guidés par les textes saints et avoir le courage de prêcher la paix quand les autres parlent de la violence. », insiste-t-il.
Aux fidèles, Acher Niyonizigiye les invite à lire et à comprendre les saintes écritures dans lesquelles ils croient : « Il ne faut pas seulement écouter ce que les leaders religieux nous enseignent, même si ça nécessite des experts pour les interprétations ou lire des livres qui ont été écrits par des érudits, puisque plus on comprend, mieux on peut déceler les mensonges et les manipulations dans ce que les prédicateurs disent, tout en analysant et vérifiant ce qui est prêché quand vous avez des soupçons qu’il y’a quelque chose qui cloche. »