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Théâtre

« Mémoire éternelle », la première comédie musicale burundaise

©Jimbere | Répétitions de préparation de la première comédie musicale burundaise

Ce samedi 15 juin se joue à l’Institut Français du Burundi cette pièce signée Arnold Olol’enyanya. Comédie musicale respectant les canons du genre, une première dans le monde artistique burundais

Pour avoir un feu allumé, il suffit parfois d’une étincelle, dit-on. Il y’a sept années de cela, un dimanche de 2012, une chorale livre un concert dans une église. Pour agrémenter la prestation, un sketch mélangeant chant et théâtre. Le public est plus que conquis. Un jeune comédien jouant dans le sketch garde en lui les émotions générées par le lyrisme des saynètes. Une idée fait tilt dans sa tête : « Pourquoi pas ne pas exporter cet art autre part que dans l’église ? »

Le jeune homme qui n’est autre que le dramaturge Arnold Olol’enyanya Banywerha fait part de son projet à son frère Pierre Koko Banywerha. La mayonnaise ne peut que prendre : Arnold est bon dans la rédaction des textes, Pierre n’est pas moindre dans la musique. Mais il faudra attendre 2016 pour que l’initiative prenne forme avec la troupe Umushwarara.

Les frères Banywerha, texte et partitions musicales aux mains, sont proches de réaliser leur rêve. Une attente qui finit par tomber à l’eau, à leur grande déception: «Les comédiens d’Umushwarara n’étaient pas vraiment disponibles pour ce projet qui demande une préparation minutieuse. La plupart étaient concentrés sur d’autres engagements plus personnels», se souvient Arnold.

La fratrie ne lâche pas l’affaire. Mi-2018, elle se penche sur l’aventure avortée et regroupe choristes et comédiens pour une deuxième tentative. Celle-ci sera bonne.

De comédien à chanteur et de chanteur à comédien, un défi levé

Sur scène, un des gratins de la nouvelle génération du théâtre burundais, la compagnie trois points, répète sous les ordres de deux metteurs en scène, Josué Mugisha et Lyca Lynca Mugisha. Cette dernière ne tolère le moindre petit faux pas ou fausse note. « Arrêtez, on recommence l’action », lâche-t-elle à plusieurs reprises. Et aux acteurs de se démener à nouveau.

Leurs corps, par des mimiques et une chorégraphie millimétrée accompagnées de répliques chantées dans des voix suaves, raconte l’histoire de deux familles dont les relations sont rongées par une vendetta séculaire. Les deux parties ont misé sur un mariage pour renouer avec l’entente d’antan.

« Pas facile, avoue une jeune choriste convertie en comédienne, il y’a une année même dans mes rêves les plus téméraires je ne me voyais pas sur les planchers en train d’incarner un personnage de théâtre ». Idem, dans un autre sens, pour une de ses camarades de scène qui profite d’une pause pour vider sa bouteille d’eau minérale : « Le chant n’était pas mon truc avant mais à force de répéter j’ai fini par avoir une voix d’une diva d’opéra », clame-t-elle dans un éclat de rire.

Ce challenge levé, il ne reste qu’une chose. Assister à la première représentation d’une comédie musicale concoctée pendant huit mois de préparation dans les règles de l’art. Vivement le 15!

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