Inauguration ce 14 mai 2024 de la numérisation et la scène de la salle de cinéma de l’institut français du Burundi sur fond de la projection du film « Anatomie d’une chute » de Justine Triet ayant remporté la palme d’or au festival de cannes 2023. Mais quid de la plus-value ? Le point.
Une par une, les salles de cinéma ont fermé au Burundi, un phénomène expliqué par une faible affluence des spectateurs. Il y a eu d’abord le ciné cameo qui a mis les clés sous le paillasson fin année 90 début années 2000, concurrencée par l’arrivé de la maison de distribution des chaines cryptées, ensuite ciné-club horizon, qui s’est lui aussi éteint à petit feu.
En vue de revitaliser le cinéma burundais et le porter vers une autre dimension en termes de qualité, l’institut français du Burundi propose une numérisation de la salle de cinéma, a précisé Prince Charmant Iradukunda, chargé de communication à l’IFB. « Seuls les amateurs du cinéma de haute qualité peuvent comprendre la grandeur de cette initiative », a-t-il martelé.
Dans son allocution, Jérémie Blin, Ambassadeur de France au Burundi a fait savoir que l’inauguration de la nouvelle salle de cinéma numérisée correspond à l’ouverture du festival de cannes en France de ce 14 mai.
Un salut pour les cinéphiles burundais ?
Selon lui, cela permettra de projeter des films récents, en sortie mondiale, avec une très bonne qualité d’image et de son reparti à l’aide de 5 enceintes en façade, 8 sur les côtés de la salle, et 4 à l’arrière. Il a également souligné que cette inauguration aboutit après un an et demi de travail.
Ainsi, les projections se feront tous les mercredis à 18h30 et les dimanches18h. Le droit d’entrée étant toujours fixé à 5000 Fbu par séance.
Il a aussi annoncé qu’à partir de ce mercredi 15 mai 2024, pour le festival du film européen et la smartphone compétition, des films représentant les pays de l’Union Européenne dont les Pays-Bas, la Belgique, l’Italie, l’Allemagne, la Suisse et la France seront à l’honneur. Après chaque séance, la gastronomie du pays sera à l’honneur au bistrot où on pourra déguster un plat emblématique du pays.
Selon toujours lui, cette numérisation s’inscrit dans le projet de rénovation de l’IFB et de redynamisation de sa programmation culturelle. Les projections seront donc modernes, ambitieuses, parsemées d’artistes internationaux pour que les différentes cultures s’enrichissent.
C’est pour cela que 11 jeunes réalisateurs burundais sont en train d’être formés par une équipe de professionnels de Dakar, une formation qui durera deux mois ; une bourse d’études a été accordée à Ghislain Nsanzintahe à l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son à Paris, pour suivre une formation sur la conception et l’écriture d’un film documentaire. Aussi, à partir du mois de juillet, la même équipe reviendra à Bujumbura pour former et encadrer la réalisation de 50 épisodes d’une mini-série en français et en kirundi avec une diffusion à l’échelle internationale.
Place à la projection
Après les discours de circonstance, les invités ont eu droit à la projection du film ‘‘Anatomie d’une chute’’. Les lumières s’éteignirent soudain. Le silence absolu des spectateurs laissa deviner une excitation et une impatience à l’attente du commencement de la projection. Le fond sonore du début du film emporta les spectateurs à l’appréhension de plusieurs possibilités de scenarios dans leurs têtes. C’était d’ailleurs le souhait de Justine Triet quand elle explique l’avoir construit comme un puzzle dans lequel le spectateur est projeté dès la première scène, mais ne comprend que tardivement le sens de cette réalisation co écrite avec Arthur Harari.
Le personnage principale est une femme française mariée à un allemand, mais qui, pour des raisons de changement de domicile sont obligés de parler Anglais entre eux et avec leur fils. Face à ce métissage, et à plusieurs défis conjugaux alourdis par l’accident de leur fils lui ayant couté presque la totalité de sa vue, le couple se fragilise sous le poids de la culpabilité. Du jour au lendemain, chacun se retrouve à rechercher un havre de paix dans son coin, et les deux conjoints se retrouvent à se réfugier dans l’écriture de fiction. Ne voulant pas faire face à leur réalité, leur foyer devient invivable, des disputent s’enchainent. Le mari prend alors l’habitude d’enregistrer les conversations quotidiennes à l’insu de sa femme, puis il voit un psychiatre, prend des antis dépresseurs. A chaque fois qu’il va chercher son fils à l’école, il le prévient d’une possibilité de séparation prochaine. Un bon matin, il meurt mystérieusement d’une chute depuis le deuxième étage. Ce film mettant au grand jour les faces du mariage, du métissage, des difficultés auxquels se confrontent un couple en difficulté financière, des désillusions est donc une enquête, pour savoir si cette femme n’aurait pas tué son mari étant donné leur quotidien tumultueux.
Un film qui aura donné aux spectateurs une envie insatiable de revenir en visionner d’autres, aux mêmes standards internationaux avec des formats originaux respectés.
Pour rappel, l’auteur de ce film « Anatomie d’une chute », Justine Triet a remporté la palme d’or au festival de cannes en 2023, le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère et le meilleur scenario en début de cette année, le césar du meilleur film et de la meilleure réalisation, et aux oscars le meilleur scenario original.