Difficiles conditions de vie, absence d’encadrement, promiscuité, … c’est le lot quotidien des déplacés vivant sur le site Sobel en zone Maramvya. Résultat : des grossesses non désirées se multiplient chez les jeunes filles.
Site Sobel des déplacés, victimes des inondations en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura dit rural, situé à 13 kilomètres seulement du centre-ville Bujumbura. Les rayons du soleil tentent de pénétrer un ciel nuageux en cette matinée de fin novembre.
Sur place, comme à l’accoutumée depuis des mois maintenant, s’observent des mouvements de femmes qui vont et viennent, apparemment sans savoir ni quoi faire ni comment occuper leurs journées.
Les hommes, ceux qui ont du moins un travail, quittent l’endroit le matin pour ne revenir que le soir. Les autres profitent de l’accalmie et de l’absence des enfants, en classe, pour se reposer ou bien passer quelques moments intimes avec leurs épouses. Ce qui n’est pas du tout donné pendant le soir ou pendant la nuit puisque les enfants sont présents et la promiscuité dans laquelle vivent ces familles rend encore la situation plus compliquée. « Des familles entières se partagent une grande tente où les hommes, les femmes, les jeunes garçons, les jeunes filles et les enfants dorment ensembles », soutient Gédéon B., un habitant du site.
Risque élevé pour les adolescents
Bien plus, les jeunes filles qui normalement devraient bénéficier de plus d’intimité pour leurs toilettes et autres soins, sont obligées de s’adapter. Du coup, certaines ne pouvant pas résister, tombent dans les travers d’une vie sexuelle sans contrôle et se retrouvent enceintes.
C’est ce qui est arrivé à une certaine Sifa (nom d’emprunt) 17ans dont la grossesse est au 5ème mois. « Nous sommes 7 enfants chez nous et nous dormons tous dans la même pièce. Le soir, les adultes font l’amour juste à côté de nous et cela perturbe beaucoup. »
Et de révéler qu’elle est tombée enceinte, en grande partie à cause de cette promiscuité : « Comment résister aux avances d’un jeune homme le matin, lorsque tu as entendu tout ce que faisaient tes parents la veille ? »
Et de préciser que même le garçon, responsable de son état, dort avec ses sœurs, avant de plaider aux bienfaiteurs de leur venir en aide pour qu’au moins chaque famille ait un espace propre : « Les parents pourront l’aménager afin de créer de petites chambrettes et y mettre des portes pour plus d’intimité. »
Un article rédigé par Christian Biregeyi, issu de la faculté des sciences de la communication à l’Université Lumière de Bujumbura dans le cadre d’un stage au sein du Magazine Jimbere