A ce grand lycée mixte de la province Muyinga, où jeunes filles et garçons, dans l’âge de l’adolescence, se côtoient durant 9 mois, les copinages, les amourettes sont inévitables. Les jeux de cache-cache entre élèves et encadreurs doivent également être au rendez-vous. Pour contrer ces relations, la direction a pris certaines décisions.
Ainsi, comme le révèle le directeur, il est strictement interdit qu’une fille ou un garçon, sans aucune relation familiale puissent passer plus de 45 minutes ensemble, sauf s’ils sont dans la salle d’études ou en lieux publics qui ne favorisent pas les flirts.
Si les élèves veulent former des groupes, ils doivent être à trois ou plus. « Nous faisons ça pour éviter les grossesses non désirées, le vagabondage sexuel et les aventures sans issu », éclaircit le directeur. Quant au harcèlement, il explique : « Lorsqu’une fille est en relation avec un garçon de sa classe, elle a tendance à prendre toutes les notes et le garçon de jouer au prince. Et quand il s’agit des travaux qui exigent de la force, le garçon fait le travail double pour plaire à sa tendre copine. Les deux se retrouvent alors dans ce cirque, une perte de temps et de concentration. »
En cas de couple dénoncé, les parents des tourtereaux sont convoqués pour essayer à leur tour de conseiller leurs jeunes enfants. « Cela a donné des fruits puisque durant l’année scolaire écoulée, nous n’avons enregistré aucune grossesse parmi nos élèves, contrairement aux années antérieures », se félicite le directeur.
Au-delà des cours, des clubs pour s’enrichir de plus…
La SSR (Santé Sexuelle et Reproductive) est l’une des matières apprises en dehors des cours, dans un club spécialement dédié aux questions qui minent la jeunesse, en rapport avec la santé et la reproduction.
« Nous nous rencontrons deux fois par semaine, pour débattre sur les changements de nos corps, les dangers autour de la sexualité à bas âge, les violences basées sur le genre, », fait savoir A. N, une élève du lycée.
A côte club sur la SSR, l’école note l’existence d’autres clubs qui assurent le déroulement des activités parascolaires : groupements culturels, comme celui qui enseigne le maniement de l’ikembe, l’instrument qui prend ses origines à Muyinga, des clubs de danses culturelles, un club de l’environnement, celui de la non-violence active, sans oublier des clubs sportifs, surtout le foot.
Les salles de classes et les dortoirs pour internes sont séparés d’environ 30 mètres. Étant un lycée mixte, les dortoirs des filles sont à l’opposé de ceux des garçons. Les effectifs ne sont pas aussi frappants. « Alors que dans les années antérieures, avant le fondamental, nous pouvions accueillir 800 internes. L’an passé, nous n’avions reçu que 294 élèves : 90 filles et 204 garçons. 127 élèves étaient externes, dont près de 60% étaient des filles », informe le directeur.En tout, le lycée note 23 enseignants à temps plein, pour dispenser les cours dans 3 sections (section normal, section des sciences humaines et de la terre, et la section économique. A cela s’ajoute le 4ème cycle du fondamental. « C’est vrai que nous avons beaucoup de travail. J’ai 24 heures de cours à dispenser dans 6 classes par semaine. Celui qui détient une charge horaire réduite, a 19 heures. Pour continuer sur notre rythme d’excellence, d’autres enseignants serraient les bienvenus pour nous appuyer », réclame F.N professeur de Français. Et au niveau du matériel didactique, « les livres que nous avons à notre disposition commencent à s’user. Nous l’avons mentionné dans les rapports, et nous espérons en bénéficier des neufs d’ici peu », confie le directeur du lycée.