L’Agence Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité Alimentaire procède dans le tout le Burundi, depuis le 19 février 2024, à l’achat du surplus de la récolte des grains de maïs pour 1.700 Fbu le kilo. Sur 25.000 tonnes attendues de toute la campagne, l’ANAGESSA a déjà collecté plus de 33.500 tonnes et s’attend à un total de 60.000 tonnes. L’absence des stocks et le paiement tardif causent le malaise… Le point
« La récolte du maïs fait déborder les greniers… » Telle est la satisfaction de certains administrateurs communaux, à l’instar de Floride Nduwayezu, à Giteranyi en province Muyinga, avec « plus de 1.942 tonnes de grains de maïs déjà collectées par l’ANAGESSA dans notre circonscription. Et ce n’est qu’un tiers de la récolte enregistrée ».
Dans la commune de Muyinga à côté, l’admicom Amédée Misago annonce 326,26 tonnes déjà collectées, et 1.500 tonnes qu’il reste à acheter.
Si ces autorités se disent satisfaites de la récolte enregistrée pour cette saison A de 2024, il reste néanmoins des défis liés à la conservation, aux retards considérables dans la collecte et au paiement tardifs aux agriculteurs.
« Une récolte surprenante »
Selon Joseph Nduwimana, le Directeur Général de l’ANAGESSA, la quantité de maïs déjà collectée dépasse de loin celle attendue: « Depuis le début de la campagne, nous avons déjà collecté plus de 33.500 tonnes de grains de maïs et selon nos analyses, il resterait plus de 25 mille tonnes« .
Soit près de 140% de surplus sur les prévisions de récolte, initialement établies à 25 mille tonnes pour toute la campagne: « Cela fait que le fonds inaugural de 55 milliards Fbu n’est plus suffisant, ce qui implique un achat à crédit », explique le DG de l’ANAGESSA. Conséquence: des agriculteurs mécontents, car ils comptaient répondre à leurs besoins quotidiens grâce à la vente de leur récolte. « Nous avons déjà débloqué 52 milliards Fbu directement utilisés pour l’achat des grains, et 3 milliards Fbu alloués au fonctionnement. »
Vers la restauration des greniers de Gitega ?
Alors que l’État ne dispose pas d’infrastructures de stockage permettant une conservation massive et durable, le surplus de la récolte des grains de maïs devient problématique pour l’ANAGESSA, contrainte de louer de gros hangars: « Nous avons quatre gros stocks dans les provinces de Gitega, Bujumbura, Ngozi et Cankuzo où nous acheminons les grains collectés de toutes les zones du pays. »
Ce défi de stockage se remarque aussi dans certaines communes où l’administration a dû temporiser la collecte: « Tous les hangars étaient déjà pleins à craquer, attendant que l’ANAGESSA achemine le contenu vers ses stocks », indiquent les administrateurs de Giteranyi et Muyinga.
Pour pallier ce défi, le DG Joseph Nduwimana explique que « l’ANAGESSA se bat pour se doter d’un stock remplissant les normes d’ici la fin de l’année 2024. En collaboration avec FIDA, nous sommes en train de mener des études pour voir si les greniers qui avaient été construits à Gitega sous la deuxième République peuvent être réhabilités pour servir dans la conservation des graines. »
Des installations capables d’accueillir plus de 70.000 tonnes une fois rendues fonctionnelles.
Risque de triche…
Lors du lancement de la campagne de collecte des grains de maïs, la Ministre en charge du commerce avait précisé les modalités d’authentification des récoltes à acheter par l’ANAGESSA: « Il faut produire des preuves attestant que la récolte appartient réellement à l’agriculteur, et qu’elle résulte de ses propres champs. Ces preuves peuvent être le reçu sur lequel l’on a payé les intrants agricoles, mais aussi des témoignages des moniteurs agricoles. »
L’absence de prise en compte de ces consignes mettent en cause la transparence du processus, ce qui soulève les inquiétudes du fait que l’importation du maïs ne s’est pas arrêtée, selon l’admicom de Giteranyi.
« Hormis l’abondance de la récolte, il n’est pas à nier que certains commerçants mal intentionnés puissent inclure des grains importés des pays limitrophes dont la Tanzanie – achetés là-bas à un prix inférieur à 1700 Fbu, et touchent la mise en les revendant à l’agence », précise le DG de l’ANAGESSA, tout en assurant qu’on fait le tout possible pour contrecarrer ces mauvaises pratiques.
Compte tenu de la récolte qu’il reste à collecter, le DG de l’ANAGESSA laisse entendre une rallonge de la durée de la campagne dédié aux grains de maïs, alors qu’elle devait prendre fin le 15 mai 2024. Non seulement des délais qui s’allongent, mais aussi un budget à revoir à la hausse: « Les arriérés non encore payés aux agriculteurs pourront être régularisés d’ici une semaine, suite aux transactions bancaires qui peuvent prendre des jours. »