Au terme des descentes organisées dans le cadre du projet synergie pour la paix, des femmes de différentes catégories de Muyinga, Gitega et Bugendana auront appris beaucoup des mentors qu’elles se sont choisies elles-mêmes. Elles promettent d’oser, de se lancer, et surtout de réussir…
Alors que les renforcements de capacités réalisées par le CENAP à l’endroit des femmes leaders se sont bien passés, celles-ci ont choisi des mentors sur qui compter en cas de besoin d’orientation dans tel ou tel autre domaine. Elles se réunissent pour entendre leurs témoignages, afin d’être fortifiées et de s’en inspirer dans l’avenir. C’est dans le cadre du projet synergie pour la paix.
Diversité d’opinions, source d’harmonie
Liduine Manirakiza est celle qui a été choisie comme mentor à Muyinga. De par son témoignage, elle est enseignante de formation. Elle fait aussi partie du conseil communal. Pour elle, cette deuxième mission lui a permis de développer son leadership. Elle a appris à servir tout le monde sans discrimination aucune, mais aussi à s’organiser différemment pour maintenir la stabilité conjugale. « Notre diversité d’opinions, c’est notre grande richesse. Elle harmonise notre société. En plus, quand on représente les autres, il faut prêcher par l’exemplarité, et surtout communiquer avec transparence avec son conjoint, à propos de ton cahier de charge pour éviter des incompréhensions inutiles », indique-t-elle.
Laetitia Ndereyimana, coordinatrice de l’association anglicane “mothers union” et participante trouve que les témoignages de celles qui ont réussi fortifient, mais surtout renforcent la bonne cohabitation pacifique avec des membres d’une même communauté ayant des opinions différentes. Pour Mwamvua Barengayabo, couturière et participante, avoir une activité génératrice de revenus avec d’autres femmes de différentes catégories et opinions politiques est plus que réconciliateur. Cela encourage aussi à postuler pour représenter fièrement les autres.
Laurent Karimba, conseiller économique du gouverneur de Muyinga encourage les femmes à postuler massivement pour représenter les autres. Selon lui, elles participeraient ainsi à la promotion de la parité dans le milieu professionnel, et assureraient la complémentarité. Cependant, il attire leur attention sur le comportement à adopter, notamment garder leur dignité une fois élu, et d’assurer la stabilité familiale et professionnelle.
Si femme veut, femme peut
Béatrice Gasore est cultivatrice, et mère de cinq enfants. Elle a été élue chef de colline de Mugera. Elle a également été choisie comme mentor pour les femmes leaders de la commune Bugendana. Pour elle, le leadership commence à la maison. « Quand tu communiques sans violence avec ton conjoint, et que tout est transparent, les enfants sont les premiers à suivre ton exemple. Par la suite, ton conjoint vante ton comportement. L’entourage suit, et puis toute ta communauté construit une certaine confiance en toi, ce qui t’ouvre bien des portes », raconte-elle.
Cependant, Mme Gasore trouve que la volonté d’apprendre continuellement des autres est ce qui l’a le plus aidée dans sa carrière. Selon elle, tout s’apprend, et tout le monde peut. Il n’y a rien qui serait impossible à faire pour une femme bien déterminée. Mais le leadership a aussi un prix : « Tu dois limiter les naissances si tu veux mener à bien les tâches qui te sont réservées, et pouvoir gérer convenablement ton foyer. »
C’est aussi l’opinion de Mme Suavis Habonarugira, député choisi dans la province de Gitega. Pour elle, la femme ne devrait pas sous-estimer son potentiel. Elle devrait savoir que le développement national la concerne, et qu’elle doit apporter sa contribution avec une touche spéciale féminine, comme elle le fait à la maison pour compléter les efforts masculins. Mais aussi, elle devrait garder les pieds sur terre. « Etre dans un poste de prise de décisions ne te donne pas le droit de manquer du respect à ton conjoint, ou de te comporter n’importe comment. Mais par contre, c’est une bonne occasion d’améliorer ta personnalité pour servir de bon exemple à ton entourage, et à la nation », souligne-t-elle.
Les participantes auront compris que le leadership ne se suffit pas à lui seul, mais qu’il s’ajuste avec le comportement à adopter pour améliorer la version de soi-même, afin de mériter de postuler à des postes de prise de décisions, et représenter le peuple burundais. Mais aussi elles auront su les charges qui les attendent et la manière de gérer le pouvoir en maintenant la stabilité conjugale. Espérons qu’elles soient suffisamment armées pour être de bonnes épouses, de bonnes professionnelles, mères de la nation !