Les habitants de la commune Bugendana se disent confrontés aux discours ou propos à connotation ethnique. L’administration tranquillise et appelle à la préservation de la paix et la stabilité.
Selon une source rencontrée en commune Bugendana, des propos irréfléchis à caractère ethnique sont prononcés par des leaders communautaires. Ils surgissent chaque fois qu’une mésentente éclate entre voisins Hutu et Tutsi : « L’appartenance aux partis politiques est souvent source de ces mésententes et des accusations mutuelles sont lancées chaque fois qu’un petit conflit surgit au sein de la communauté. »
Le cas le plus illustratif est celui de Béatrice Niyibigira, une des rescapées de la crise de 1993 qui a choisi de quitter le site des déplacés et de retourner chez elle sur la colline Mukoro. Même si tout va bien, soutient-elle, des accrochages ne manquent pas : « J’ai un chien depuis je suis retournée chez moi et chaque fois que quelqu’un ivre, tombe et se blesse à côté de ma maison, les voisins de l’autre ethnie pointent du doigt mon chien. »
Dernièrement, soutient-elle, un enfant a provoqué son chien qui l’a ensuite mordu et malgré le fait qu’elle ait fait soigner cet enfant, des propos à connotation ethnique ont été prononcé par ses voisins l’accusant de chercher à exterminer leur ethnie. Ce qui lui a fait le plus mal, confie-t-elle, ce sont des accusations de sorcellerie pour tuer les hutus qui ont été portées à son encontre : « Ces propos m’ont blessé au point de penser à quitter Mukoro pour la deuxième fois mais le conseiller de l’administrateur communal m’en a dissuadé. »
L’unité avant tout
Interrogé, Berchmans Hakizimana, chef de la colline Mukoro, confirme les propos de Béatrice Niyibigira : « Elle m’a parlé des pressions qu’elle subissait et j’ai décidé d’agir car son retour est un bon exemple de réconciliation. Je lui ai assurée de prendre en main ce problème, ce que j’ai fait. »
Contacté, Dieudonné Habonimana, conseiller de l’administrateur de Bugendana chargé des questions sociales, confirme également la tenue de ces propos haineux : « Nous l’entendons à travers les chansons de propagande des partis. »
Le risque, prévient-il, est le retour des conflits du passé voire des violences intercommunautaires. Et d’appeler ses compatriotes à privilégier la sauvegarde de la paix avant tout : « Nous devons nous abstenir de tout langage haineux et violent. Ce genre de messages blesse les gens, remue le couteau dans la plaie et risque de nous replonger dans des violences graves et inutiles. »