L’école, censée être le milieu par excellence de production, d’apprentissage et de transmission du savoir, peut devenir un foyer de circulation des messages de haine. Comment préserver nos jeunes contre cette éventualité sachant que dans certains cas, ils y passent la majeure partie de leur temps. Rodolphe Baranyizigiye, spécialiste en psychologie scolaire nous livre quelques éléments de réponses.
Quels sont les milieux de socialisation de l’enfant ?
La socialisation de l’enfant commence généralement par la famille parce qu’il s’agit, par excellence, de l’endroit où l’enfant doit recevoir une éducation de base. Une fois qu’il atteint l’âge scolaire et va à l’école, les responsables de l’école à commencer par les enseignants prennent le relais et s’occupent de l’éducation de l’enfant parce qu’il y passe la grande majorité du temps. Pour rappel, les enfants qui sont dans les internats passent au mois neuf mois sur douze pendant l’année à l’école qu’à la maison. Vous imaginez donc la lourde tâche qui revient aux éducateurs. A ce moment-là, ils doivent veiller à ce que l’enfant reçoive une éducation qui le pousse à adopter à un bon comportement et qui le prépare à devenir un bon citoyen afin qu’ il ne puisse pas déshonorer sa famille ou sa patrie plus tard.
Est-ce que le milieu scolaire peut devenir un foyer de transmission des messages haineux ?
Je ne peux pas l’affirmer directement mais cela peut arriver comme dans tout milieu om se rassemble beaucoup de monde. Mais dans ce cas, cela signifierait que les responsables de l’école n’ont été vigilants et ont failli à leur rôle. Plus sérieusement, ces messages peuvent provenir de l’extérieur du milieu scolaire par la compagnie des autres élèves lorsqu’ils causent entre eux et ou par d’autres formes de rassemblement. Mais si cela arrivait, ça serait à l’insu des responsables scolaires qui en principe sont appelés à la vigilance parce que l’une de leurs missions est justement de former de bons citoyens et non le contraire. D’ailleurs, le Ministère en charge de l’Education a mis des balises justement en instaurant un cours très important qui porte sur le patriotisme. La raison est que les responsables sont conscients des moments difficiles vécus par notre pays à cause de ce type de messages. Et donc ce cours est justement une réponse pour sensibiliser ces jeunes, leur apprendre la manière de vivre, de cohabiter dans la paix malgré leurs différences qu’il s’agisse des groupes ethniques ou autres. Mais encore une fois, l’école est un endroit de transmission de savoir et de bonnes valeurs, si cela arrive, ça ne peut pas lui être imputé.
Comment un jeune peut résister à ce milieu scolaire intoxiqué ?
L’école comme la famille doit conseiller d’abord l’enfant. Lui montrer que le comportement qu’il est en train d’adopter est un comportement dangereux. Ensuite, les parents doivent jouer leur rôle en expliquant et en cherchant à désintoxiquer l’enfant, lui enlever ces mauvaises pensées qui le mèneraient à la haine et à la non cohabitation avec les autres. Les parents et les éducateurs doivent avoir également le temps d’évaluer si l’enfant a totalement guéri de cette intoxication s’il l’était. Si ce n’est pas le cas, les parents doivent songer à une étape supérieure, celle de le punir pour le dissuader à adopter un tel comportement.
Qu’est-ce que les parents et les éducateurs doivent faire pour éradiquer ces messages haineux en milieu scolaire ?
Les parents doivent veiller au comportement de leur enfant en insistant sur les valeurs de vivre ensemble dans la paix. Ils doivent rappeler à leur enfant qu’il va rencontrer à l’école des personnes nécessairement différentes de lui mais qu’il est tenu à adopter un comportement irréprochable à leur égard. Ensuite, il faut qu’ils veillent à ce que leur enfant reste dans ce chemin. Du côté des éducateurs, je sais qu’ils tiennent systématiquement des réunions à chaque début de l’année scolaire, pour justement passer le message de l’obligation de vivre en harmonie, en bonne entente entre les enfants. Il faut perpétuer cette pratique.