Jimbere

Kirundi French
Société

Lutte contre les messages de haine : halte aux apprentis porte-parole !

Les discours accusateurs sont propagés par ceux qui parlent au nom d’un groupe contre un autre en commune Buganda sur fond de récit d’un passé douloureux. Ces messages peuvent aboutir aux violences, si rien n’est fait. Consciente du danger, l’administration est à l’œuvre pour les combattre.

« Que les événements douloureux du passé soient racontés ou discutés, cela ne pose pas de problème, mais lorsqu’ils entrent dans un discours accusateur puis propagés ensuite par des jeunes et moins jeunes, cela interroge, » lâche un sexagénaire habitant la colline Gasenyi en commune Buganda.

Cette inquiétude est partagée par d’autres sources rencontrées sur place. Wilson Barutwanayo, commerçant et père de famille n’y va pas par quatre chemins : « Imaginez entendre un jeune de moins de 20 ans dire ‘‘Caratuvunye’’ (Nous avons combattu pour ce pays) alors qu’il n’était même pas né pendant la guerre civile qui a secoué notre pays. La seule question est pourquoi dit-il cela, au nom de qui et qui le pousse à le dire. »

A ces questions, Olivier Irakoze (23ans) et Vianney Nibizi (32 ans) habitant la même colline rétorquent qu’il s’agit dufuit de l’éducation reçue des parents ou proches frappés par les événements du passé : « Ceux de notre génération répètent et répandent ces messages sans connaitre ce dont ils parlent ni la gravité de leurs propos. »

Pour nos sources, C’est justement là où réside le danger car, au-delà de ces récits du passé qui sont racontés par ceux qui ne les maitrisent pas, il y a la propagation de la haine de l’autre, qui est traité de tous les noms et accusés à tort d’être responsables des évènements douloureux du passé.

Cela préviennent-ils, peut aboutir à la violence : « Lorsque vous entendez un jeune comme vous, vous dire que vous et les vôtres avez commis des crimes alors que personne n’y était, cela ne vise qu’à vous faire du mal. »

Faire tomber les masques

Mais qui sont les auteurs de ces messages et qu’espèrent-ils ? A cette interrogation,  G.M, propriétaire d’un bistrot sur place répond : « Ce sont souvent des jeunes gens zélés qui ne savent rien de la guerre ou des conflits que nous avons vécus mais qui s’érigent en porte-parole de leur supposé groupe pour juger ceux qui appartiennent à d’autres groupes. »

Ils se font passer pour les défenseurs du groupe auquel ils appartiennent poursuit G.M., mais en réalité ils ne cherchent qu’à dresser les gens les uns contre les autres pour leurs propres intérêts. Et d’expliquer qu’il peut s’agir de se positionner en vue des prochaines élections au sein de leurs formations politiques pour se faire de la place : « Leur témérité, calculent-ils, peut leur permettre de mieux se placer en vue des scrutins à venir. Des gens peuvent les élire pensant qu’ils sont les meilleurs défenseurs de leur cause, etc. »

Il est plus qu’urgent de combattre ce discours, interpelle Wilson Barutwanayo. Dans le passé, indique-t-il, l’ONG ZOA Burundi avait initié des séances de sensibilisation pour la cohabitation pacifique et cela avait permis d’atténuer des propos accusateurs entre membres de différents groupes : « Même ceux qui les propageaient, avaient disparu mais le phénomène resurgit à chaque approche des élections. »

Un combat de longue haleine

Contacté Pamphile Hakizimana, administrateur de la commune Buganda, reconnait également l’existence des jeunes qui veulent se faire juges des autres sans qu’ils ne soient forcément au courant du passé. Comme nos sources, il trouve également que ce comportement est le fruit d’une transmission mal faite au niveau des familles : « Ces jeunes grandissent en entendant leurs parents raconter les évènements du passé sous un seul angle, celui de la victime. Ils ne font que répéter ce qui les a nourris. »

Concernant la lutte contre ces discours au sein de la communauté pour éviter la zizanie qu’ils pourraient créer au sein de la communauté et les conséquences néfastes qui pourraient en résulter, M. Hakizimana indique qu’au niveau de l’administration, ils essayent de rappeler à ces jeunes et à toute la population que le pays est désormais stable même si cela demande de la patience parce qu’il s’agit d’un combat de longue haleine : «  Nous leur disons que malgré ces évènements douloureux du passé auxquels nous ne pouvons d’ailleurs changé grand-chose, nous pouvons décider et influer sur notre avenir. »

En cas de persistance de ce type de discours malgré les conseils prodigués par l’administration, Pamphile Hakizimana administrateur de la commune Buganda indique que les auteurs seront arrêtés et traduit devant la justice.

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top