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Le «Yambi» qui divise

A ce qu’il parait l’artiste Tetero Laurette, gagnante de Primusic 2020, se serait encore emmêlé les pinceaux. ET cela faisait tellement longtemps. La dernière fois, c’était en 2019. Contrairement à aujourd’hui, A cette époque, ce n’était pas pour une affaire d’un câlin et cela n’impliquait pas le Chef de l’État himself. Mais… et si elle n’était pas trop à plaindre?

De toute éternité, avant même l’aube de la création, le Burundais est un rouspéteur invétéré. Il critique comme il respire et respire comme il critique. Tetero Laurette le sait, elle aura beau être ingénue, elle ne pourra pas échapper aux râles du public gaillardement campé derrière les claviers sur Facebook et autres plateformes sociales. La question: comment ose-t-elle demander au Président de la République un câlin, en public?

Il fait tellement de polémique ce câlin, il est sur toutes les lèvres à Bujumbura, alors qu’il n’a pas encore même eu lieu… Les faits: ce 31 août, lors de la rencontre entre le Président Évariste Ndayishimiye avec les jeunes entrepreneurs de la capitale économique Bujumbura, après avoir donné son témoignage sur comment elle a dépensé les 25 millions qu’elle a gagné dans Primusic 2019, elle a susurré: « Cher Président, je chante très bien, m’accorderiez-vous la faveur d’écouter mes chansons? … Sinon, j’ai demandé à vous embrasser et j’y tiens toujours».
La requête dont elle parle avait été introduite lors de la vidéo qu’elle a faite avec le Magazine Jimbere, l’année dernière.

A peine a-t-elle repris sa supplique que les réseaux sociaux s’enflamment pour envoyer à l’échafaud « cette gamine gâtée qui n’arrive pas à discerner ce qui est bon à dire au Président de la République et ce qui ne l’est pas», «cette Ève des temps modernes qui cherche à corrompre la tête de l’exécutif», et tant d’autres invectives les unes plus acides que les autres.

Et si elle n’était pas si maladroite que ça?

Moins nombreux ont été aussi ceux qui ont vu dans la démarche de Tetero l’innocence d’une jeune fille qui essaie d’attirer l’attention du numéro Un du pays qu’en restant vraie à elle-même. Elle n’a pas besoin de troquer l’innocence de son esprit pour impressionner le raïs. Elle aura été victime de son authenticité.

Et d’ailleurs, au-delà de l’étreinte qu’elle demande, ce qu’elle vise a beaucoup plus de sens comme le souligne son manager sur Facebook: « Un câlin, c’est un signe d’amour et d’affection, on ne fait un câlin qu’à celui qu’on aime, qu’on affectionne. Celui à qui tu le fais peut en retour te faire confiance, te gratifier de dons ».
Est-ce d’ailleurs nécessaire de rappeler que le Président de la République a fini par lui accorder une audience? « Je ne croyais pas que tu étais vraiment sérieuse. J’invite le protocole à te programmer pour que tu viennes me parler de tes projets », lui répondra-t-il publiquement.

La spontanéité et le franc-parler de Laurette Tetero lui coûtent chers et sont porteurs d’opportunités. Ils constituent du coup une petite leçon pour les jeunes aux grands rêves mais qui ne savent pas comment crier au monde leur envie de le conquérir. Le triomphe sourit souvent à ceux qui savent demeurer authentiques, pilule difficile à avaler pour nous autres Burundais friands de dédoublement.

A la fin de cette saga, on dira que la jeune chanteuse n’était pas si bête pour demander un câlin au Président de la République, requête « futile » qui lui aura ouvert d’autres opportunités…

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