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Karim Babel s’arrête là…

Immense tristesse : les fans de la musique burundaise, pleurent le décès de l’artiste Karim Babel. Certains de ceux qui avaient contribué pour qu’il aille se faire soigner, croient avoir droit de demander des comptes, même sans civilités. Sinon, 2020 court toujours, avec son cortège de malheurs …

La nouvelle est tombée en début de cet après-midi. Triste dénouement. Karim n’est plus et la recherche des coupables s’annonce déjà !

Rien de nouveau sous les cieux. À un moment donné, tout d’un coup le temps s’arrête. Un dribble chaloupé de la Grande Faucheuse, et en un clin d’œil, elle emporte un des nôtres. Les Burundais dans leur sagesse légendaire disentː « Gupfa n’ugutabura ibabi », comme si la mort était le passage dans la pièce d’à côté. Ironie !

Naturellement, les nécrologies ont cette manière de nous glacer, la présente au-delà d’avoir le mérite de nous sonner, elle nous enveloppe dans un cortège d’émotions, questionnements et réactions. Beaucoup disent qu’ils l’avaient vu venir, que c’était prévisible quoi !

Il suffit de faire un détour sur les réseaux sociaux après l’annonce, ragots, cancans, bavardages sont déjà dans nos murs, l’heure est déjà à la recherche systématique des coupables. Rappelons-nous, Karim Babel émerge à la notoriété publique, non pas grâce à ses prouesses musicales, mais surtout à cause de sa maladie d’insuffisance rénale qui avait suscité une grande campagne de la part de sa famille pour la collecte de fonds afin de l’envoyer se faire soigner à l’étranger, campagne qui avait eu le mérite de mobiliser artistes et non-artistes, Burundais résidents au pays et même la diaspora. Certains iront à avouer que jamais aucune campagne lancée pour mobiliser les frais de faire soigner un citoyen n’avait mobilisé autant de monde.

Retournement de situation : après la collecte qui avait fait 75 millions de francs burundais (chiffre donnée par sa famille), celle-ci refuse d’envoyer leur fils au Kenya ou en Inde et préfère l’Europe. Elle se met à dos le public qui l’accuse de jouer la montre afin de détourner les millions collectés pour les soins de Karim. Un échange houleux entre sa famille, les journalistes et le public s’en suit. Des paroles malsaines sont dites de part et d’autres. Sa mère avait fini par présenter publiquement des excuses hier. Hélas, c’est dans ces tractations, calomnies et bras de fer que s’en va Karim.

Alors, est-il temps d’établir des responsabilités ?

A mon sens, non. La culture burundaise exige la pudeur, la retenue, le devoir de ne pas accompagner nos morts par des médisances. Nous rappeler surtout que de la vie à la mort, il n’y a qu’un pas. L’important, pour le moment, n’est pas de savoir qui a fait quoi mais de nous recueillir. Simple question d’humanisme.

L’Etoile de Karim Babel s’est éteinte à jamais. C’est la fin de parcours d’un artiste qui part trop top et qui avait encore des rêves, des aspirations à réaliser. Certes, la mort crée un grand précèdent en termes de campagnes de collecte de fonds pour assistance aux malades. Des interrogations surgiront au-delà de la rage et de l’émoi. A quoi va servir tout l’argent collecté. Mais une chose à la fois. Pour l’heure, Dieu donne de la force à ses parents et proches. Vivement, avec eux la foi en ce que disait Birago Diop, Les morts ne sont pas morts, Karim n’est pas mort !

Va l’artiste, repose en paix comète !

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