Place dans notre chronique cette semaine, aux artistes musiciens qui nous parlent de leur rôle dans la lutte contre la prolifération des messages de haine. Des chansons appelant à la haine ne sont pas jouées au Burundi, apprend-t-on. Bien plus, ils sont conscients de leur statut…
Boniface Girukwishaka de son nom d’artiste B-Face On the Flow, n’y va pas par quatre chemins : les chansons qui sèment la haine ne sont pas chantées au Burundi. Toutefois, souligne-t-il, le débat porterait plutôt sur des chansons qui peuvent heurter les sensibilités des uns et des autres par rapport à la culture burundaise : « Nous chantons pour tout le monde, toutes les catégories de personnes, des policiers aux élèves en passant par les travailleurs de maisons. Et donc nos paroles peuvent heurter certaines âmes car tout le monde n’a pas la même capacité de comprendre nos messages. »
Quant au rôle de l’artiste dans la lutte contre la prolifération des messages de haine, celui qu’on surnomme Rap Yuda ou encore Rap Commando lance un appel à ses collègues musiciens de vérifier le poids des paroles de leurs chansons et leur portée avant toute sortie : « Un artiste ne devrait pas, à mon avis, sortir une chanson sans l’avoir fait écouter à plusieurs personnes pour analyses et critiques. Nous sommes suivis par des milliers de gens et nous devons faire attention aux messages que nous donnons. »
Irumva Bernice du nom de scène Bernice the Belle, abonde dans le même sens. Il arrive, confie-t-elle, même si c’est rare, que des chansons avec un certain message controversé, soient jouées, mais cela dépend de la manière dont un certain public accueille cette musique car une chanson peut en définitive être perçue dégradant les mœurs alors qu’au départ, l’auteur voulait transmettre un tout autre message.

Veiller aux messages donnés
Quant à la lutte contre le discours de haine et sa prolifération, l’artiste, étant un modèle, estime Bernice the Bell, son message transforme les mentalités : « Son rôle doit donc être celui de bâtir la communauté et non de la détruire. » Et de préciser : « Etant artistes, nous n’avons pas le pouvoir de nous opposer à une chanson qui sème le trouble dans la société. Nous ne pouvons que prodiguer des conseils. Ce rôle appartient aux instances de contrôle comme le CNC. C’est à cet organe de rappeler à l’ordre tout artiste qui commet l’impair et de le punir si nécessaire. »

Pour Yves Kami, artiste Burundais, il n’a jamais entendu de chanson qui propage la haine sur les ondes au Burundi. Le rôle des artistes, lâche-t-il, est de propager l’amour : « C’est cela notre appel, propager l’unité. »

Bright Olivier Ndayishimiye, producteur de musique, également président de l’Amical des musiciens au Burundi fait savoir qu’au Burundi, les chanteurs ne chantent pas des chansons qui incitent à la haine : « Nous ce que nous chantons souvent, ce sont des messages qui construisent la population burundaise. Nous avons l’habitude de dire à nos membres de toujours veiller à ce que leurs messages soient utiles pour la population, de ne pas véhiculer des messages qui vont déstabiliser la population burundaise. »

Quant à leur rôle dans la lutte contre le discours de haine, Bright Olivier Ndayishimiye, souligne que les artistes sont conscients d’avoir une voix qui porte très loin : « Nos chansons arrivent très loin et c’est pour cela que nous faisons attention aux messages que nous donnons pour qu’ils soient utiles à la population burundaise. »
