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Littérature

Kamanzi, à la découverte du premier roman du jeune Divin Ishimwe

©Jimbere│Le livre sera disponible à la Maison du Théâtre Burundais pour 20.000 Fbu

19 ans, que ? Celui qu’on surnomme « Spencer » en parait plus. Difficile d’imaginer autant de matière grise dans un esprit aussi jeune. Dans un monde où le faux se mêle habilement du vrai, il observe, décortique, pèle et désosse ce vécu « à la peau dure ».

 N’eût été la pièce de théâtre « Tais-toi et creuse » qui a remporté le Prix Théâtre RFI 2015, et dont il a interprété le rôle du jeune garçon, l’adolescence de « Spencer » aurait été tranquille. « Dans cette pièce, je devrais incarner le rôle de l’enfant traumatisé par la guerre, et pour bien l’interpréter je devrais m’inspirer de la vie des autres enfants, le courage de la jeune Malala Yousafzaï, Nobel de la paix 2015, ou encore la force d’Emma Watson, l’un des trois rôles principaux dans la série des films Harry Potter », c’est par ces mots qu’il explique son engagement.

Mais qui est « Spencer » ?

Natif de Ngagara, ainé d’une fratrie de 4, en terminale (section sciences) au Lycée Notre Dame de Rohero, c’est aussi un leader-né. Il est d’ailleurs bénéficiaire de la bourse Higher Life Foundation destiné aux élèves les plus talentueux (high skilled students). Également acteur de théâtre, il a déjà joué dans plusieurs pièces à Bujumbura et participé dans des ateliers de jeu et d’écriture. Il assure être aussi passionné par les relations internationales, passion qui se lit aisément à travers son bouquin.

Kamanzi, ou quand le soleil ne veut pas poindre

Aussi lancinante et langoureuse et sur un fond lugubre que son histoire puisse être, l’œuvre ne manque pas de faste. Écrit pendant une période de 2 ans, le roman qui se lit d’une traite relate l’histoire d’Alex Kamanzi, fils d’un diplomate burundais en mission à New York, lequel verra sa vie basculer quand son père est accrédité à Mogadiscio en Somalie. Leur résidence est attaquée, et ses parents tués, alors qu’il est à l’école. 

Il est lui-même pris en otage par le groupe armé. En captivité, et sachant qu’il vaut de l’or car le groupe armé voulant l’échanger contre une rançon, il va organiser une résistance au sein du camp, laquelle sera couronnée par sa libération, et matérialisée par son discours à l’Assemblée Générale de l’ONU, un triomphe.

Néanmoins, il sera choqué quand il apprendra que ses parents n’étaient pas morts mais obligé de disparaître pour protéger des personnalités de haut niveau dans le système des Nations unies.  Sur ce livre, Ishimwe se confieː« J’ai écrit un livre que moi-même aurais aimé lire, à savoir un livre qui insuffle un brin de courage à son lecteur. »

Edité par Eagle Group, le roman est en cours de multiplication au Rwanda où un lot de 150 exemplaires est prêt à être expédié au pays. A la question de savoir s’il n’a pas peur que celui-ci ne soit pas lu faute de lecteurs, Ishimwe retorque : « C’est vrai que le Burundais n’entretient pas une relation de grand amour avec la lecture, mais doit on jeter l’éponge pour autant ? S’il y a beaucoup de Burundais qui se donnent à l’écriture, ceux qui lisent suivront, logiquement. »

Et d’interpeller tout jeune qui veut écrire« Ce n’est pas facile, mais c’est possible. Osons. Notre histoire s’écrit maintenant, et par nous-mêmes. »

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