Jimbere

Kirundi French
Economie

Qu’est-ce qui explique la flambée du prix du sucre?

Sosumo : tollé après le communiqué de hausse

Un kg de sucre dans un emballage sachet

L’annonce de la hausse du prix du sucre tombe en plein week-end de la semaine du 14 septembre 2024. Qualifiée « d’intox » par certains, elle se répand rapidement comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.  Les groupes WhatsApp deviennent de véritables arènes de débat. Les commentaires indignés fusent de partout. Pour certains, « Isukari yaha iwacu iracitse inzahabu », NDLR, le sucre local est transmuté en or. Pour d’autres, après la libéralisation, le sucre est devenu le goût du lucre.

Quelques minutes après, la mauvaise nouvelle pour les consommateurs tombe. La hausse du prix du sucre s’avère authentique. La poudre blanche scintille et passe de 3 200 BIF à 8 000 BIF le kilo.

Cette hausse du prix des cristaux de saccharose de Kumoso s’annonce comme un coup de massue qui frappe de plein fouet les consommateurs, lesquels se retrouvent face à un choix impossible : renoncer au sucre ou sacrifier d’autres produits essentiels. « Quand j’ai vu cette annonce, c’était clair : le sucre est devenu un produit de luxe que ma famille ne peut plus se permettre », déplore M. L., habitant de la zone Kanyosha. D’ailleurs, poursuit-il, deux cuillères du sucre qui était à 100 BIF sont vendues 200 BIF dans notre localité.

La Sosumo s’explique

Face à une tempête de critiques et d’indignation exprimées par les consommateurs, Aloys Ndayikengurukiye, Administrateur Directeur Général de la SOSUMO, sort du silence en sapeur-pompier et défend fermement sa position. « La raison principale de cette hausse réside dans l’augmentation des prix des produits et des matériaux sur le marché international », explique-t-il.

Selon lui, cette envolée se fait également sentir sur le marché local. « Les prix ont largement augmenté sur le marché local, ce qui entraîne une hausse des coûts de production d’un kilogramme de sucre. »

Ce gestionnaire de la sucrerie de Moso précise d’ailleurs que le prix d’un kilo de sucre importé sur le marché varie entre 8 000 et 12 000 BIF. Ce niveau de prix a poussé la Sosumo à revoir à la hausse le prix du sucre « Si nous maintenions l’ancien tarif, cela induirait une spéculation », avertit-il. M. Ndayikengurukiye explique cette problématique : « Des commerçants viendraient acheter le sucre de la SOSUMO pour le revendre à un prix qui varie entre 9 000 et 12 000 BIF. » Cette situation, selon lui, nuirait aux consommateurs.

Cependant, malgré cette explication, beaucoup restent sceptiques. Des questions subsistent. Qui fixe le prix du sucre de la Sosumo ?

Même le chef de l’Etat n’est pas convaincu

Lors d’une séance de moralisation à Cankuzo, ce jeudi 19 septembre, le Président de la République Evariste Ndayishimiye est revenu sur le dossier du sucre. « Dans la Sosumo, on m’a dit qu’ils travaillent à perte. Et je leur ai répondu : vous, vous avez échoué. Aucune plus-value que vous avez apportée au pays. Vous êtes des commerçants comme tant d’autres. La solution est de libéraliser le sucre. Vous voulez vous enrichir alors que la population souffre. Ils travaillent pour leur ventre », s’est-il emporté contre les dirigeants de l’entreprise Sosumo.

Il a d’ailleurs dénoncé des mensonges dans ce qu’a avancé la Sosumo pour revoir le prix à la hausse : « Je ne sais pas si le ministre a déjà enquêté. Ils nous ont menti : ils nous ont dit que le sac est à quel prix ? 400 000 BIF ? J’ai découvert qu’il est à 243 000 BIF à Bujumbura alors que l’importateur s’est approvisionné sur le marché noir. Dites-moi comment celui qui s’approvisionne à la BRB dit le contraire ? N’y a-t-il pas un hic là ? ».

Le ministère du Commerce et la Sosumo se dédouanent

Après la sortie du chef de l’Etat, le ministère ayant le commerce dans ses attributions indique, à ce sujet, qu’il va réagir incessamment sous peu. « Nous allons vous chercher pour vous tenir au courant de la suite », répond Onésime Niyukuru, porte-parole.

Du côté de la Sosumo, Aloys Ndayikengurukiye, l’ADG n’y va pas par quatre chemins : « Au niveau de la Sosuma, nous avons entendu le message du président de la République et nous sommes à l’œuvre en tant que techniciens. Nous allons soumettre le rapport au ministre de tutelle dès son retour du voyage. Et nous allons attendre les orientations ».

Pierre Claver Banyankiye

Pages : 1 2 3 4

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top