C’est un sujet préoccupant et malheureusement pas nouveau. L’alimentation en eau potable demeure problématique au moment où il y’a urgence de santé publique : une véritable impasse !
L’eau, ce besoin vital manque cruellement en Mairie de Bujumbura. Dans certains quartiers, les robinets sont à sec depuis plusieurs mois. Aucune goutte n’est trouvable dans les récipients d’eau au sein de plusieurs ménages. L’assainissement semble être relégué au second plan. « On peut passer une semaine sans que l’eau ne coule dans les robinets. Chaque fois qu’on parvienne à en être alimentée, c’est aux environs de 2h ou 3h du matin que l’or bleu suinte pour une durée éphémère », regrette Alexis, habitant à Carama, au nord de la ville.
Même au sud de la capitale économique, la situation est critique. Voir l’eau est un miracle : « On a décidé d’utiliser les eaux des rivières notamment pour le nettoyage des sols, des vitres, l’évacuation des déchets, l’entretien des latrines… pour essayer de garder nos logements salubres », s’indigne Evelyne, résidant à Kanyosha.
Se saigner pour l’eau potable
Pour de nombreux citadins, le train-train quotidien dans certains quartiers rythme avec la recherche de l’eau potable. Et cela affecte sensiblement leur mode de vie : « Au minimum, je dois débourser 8.000 Fbu/jr pour payer le transport de l’eau sur un vélo-taxi. Les conducteurs se chargent de colmater les brèches pour en trouver dans certains coins de la ville et nous facturent 1.000 Fbu par bidon rempli d’eau. C’est énorme pour un citoyen lambda », déplore Jack rencontré à Kamenge.
N’ayant pas d’autres choix, l’usage de l’eau minérale produite par les entreprises locales semble être une dernière alternative pour plus d’un malgré un prix exorbitant. « Chaque jour, on doit acheter 2 bouteilles de 20l à 20.000 Fbu afin de faire la cuisson et nettoyer les ustensiles de cuisine », se lamente Yvette, une fonctionnaire habitant au quartier Gihosha rural.
La crise sanitaire rôde
Cette pénurie de l’eau potable fait craindre le pire. Et pour cause, l’épidémie de choléra, une maladie des mains sales reste toujours d’actualité en Mairie de Bujumbura. Nonobstant des efforts fournis par le gouvernement pour la contenir. « On n’est loin d’être l’abri du choléra tant qu’il y’a manque d’eau potable. C’est dommage qu’on en arrive à faire l’usage domestique des eaux de rivières malgré ses saletés », se désole Léandre*, père de famille établi à Mugoboka, en zone Rohero, de la commune Ntahangwa.
De surcroit, l’étau se resserre avec la présence des cas de variole du singe en Mairie de Bujumbura. Un virus hautement contagieux et mortel nécessitant des mesures pour sa prévention telles que la restriction du contact avec toute personne présentant les symptômes de cette maladie, mais aussi le lavage régulier des mains à l’eau propre et au savon ou en utilisant une solution hydro alcoolique. « C’est une question délicate que l’Etat doit prendre à bras le corps en disponibilisant l’eau potable, pour limiter la propagation de cette maladie ayant des conséquences fâcheuses. » indiqué Théophile Ndayisenga, président de l’Asco, une association qui milite pour la promotion de la santé communautaire, dans une interview accordée à la radio Bonesha.
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La Regideso ne rassure pas
« La pénurie d’eau ne peut pas être définitivement résolue en un an ou deux, mais à la Regideso, nous faisons de notre mieux pour apporter des améliorations », a déclaré le Directeur Général de la Regideso, lors d’une conférence de presse le 29 juillet dernier en marge de la présentation de nouveaux équipements comprenant des tuyaux et de nouvelles pompes qui vont aider à capter de nouvelles sources d’eau et à réhabiliter les réseaux hydrauliques vétustes.
Selon ce responsable, l’une des principales contraintes qui entraînent de graves pénuries d’eau en Mairie de Bujumbura est le fait que le réservoir principal alimenté par le lac Tanganyika, qui fonctionnait avec 6 pompes, n’en ait plus que 3 en service alors qu’il fournit 95% de l’eau de la ville. Un autre facteur est la croissance rapide de la ville, car « ce réservoir a été construit en 1985 pour répondre aux besoins jusqu’en 2005. Depuis, la ville s’est beaucoup agrandie, si bien que même en remplaçant ces pompes, le problème de manque d’eau ne sera pas complètement résolu. »
Néanmoins, Albert Manigomba signale que la Regideso va tout faire pour que, d’ici 3 mois, des progrès soient visibles : « Pour ce, nous allons capter de l’eau des sources de Matyazo et Isare d’ici 3 mois. Nous prévoyons également de créer des forages à Gakungwe et Ruziba, qui devraient être fonctionnels dans les 5 prochains mois. »
D’après toujours M. Manigomba, pour résoudre définitivement le problème de l’eau, il faudrait construire un grand réservoir comme celui alimenté par le lac Tanganyika : « Ce projet est en cours, le réservoir sera construit à Nyabugete, un projet qui avait été bloqué en 2015 mais qui a repris avec l’aide financière des Pays-Bas et de la Banque mondiale pour un montant dépassant 106 millions d’USD. »