Jimbere

Kirundi French
Coopération

Fermeture des frontières entre le Burundi et le Rwanda : coup dur pour les commerçants

Une semaine après l’annonce de la suspension de tout mouvement d’entrée et de sortie sur les frontières terrestres entre le Burundi et le Rwanda, une mesure sécuritaire, selon le Ministre de l’intérieur, les conséquences se font déjà sentir chez les commerçants. Ils espèrent une levée rapide de cette mesure…

Au premier abord, le trafic au niveau des postes-frontières semble être aux arrêts. Quelques silhouettes indolentes s’observent tout près de la barrière sur la frontière Kanyaru Haut. Chacune des personnes rencontrées sur place n’acceptent pas qu’on lui tende notre micro. Certains s’expriment mezza-voce.

Or, il y’a quelques semaines, l’ambiance était tout autre dans cette localité et à ses environs. Le vacarme des passagers au bord des agences de voyage était au zénith. Le business gagnait du terrain après la réouverture des frontières en octobre 2022. Les échanges et autres activités économiques prenaient un autre élan au profit de deux pays limitrophes.

Le transport des biens et des personnes en berne

La même morosité s’observe auprès des agences de voyage au marché connu sous le nom de « Chez Sion », en Mairie de Bujumbura. Les répercussions de la fermeture des frontières pour les propriétaires des véhicules qui font d’habitude la navette entre Bujumbura et Kigali sont déjà une réalité. Désemparés, certains conducteurs de ces engins espèrent une réouverture des frontières dans les prochains délais, d’autres semblent perdre tout espoir.

« On est coincé puisque la décision a été prise brusquement alors qu’on s’y attendait pas ou avisé. Il n’y a rien à faire qu’attendre que la mesure soit levée afin qu’on reprenne nos activités quotidiennes qui font vivre nos familles aujourd’hui poussées dans le dénuement », se lamente un des conducteurs.

Loin de rester dans l’expectative, certains chauffeurs et leurs patrons tentent de contourner la situation, en empruntant d’autres trajets à coup sûr plus longs que les premiers, pour continuer à vaquer à leurs boulots : « Pour se rendre au Rwanda, on devra désormais passer par la frontière entre le Burundi et la RDC à Gatumba. L’itinéraire est plutôt long puisque on doit aller d’abord à Uvira, puis traverser la province du Sud Kivu à Kamanyola avant de rejoindre le Rwanda », confie un autre conducteur qui signale qu’il serait aussi pénible pour les passagers partant ou se rendant à Goma (Nord-Kivu) qui seront contraints de faire le tour d’une partie du Rwanda pour rejoindre la province du Nord-Kivu afin d’entrer ou sortir du Burundi par le poste-frontière de Gatumba, celui de Ruhwa (plus proche) étant fermé.

Néanmoins, cette situation paraît profiter à de nombreux conducteurs habitués à faire des navettes entre Bujumbura et les villes Congolaises. Conséquemment à la mesure, certains d’entre eux ont revu à la hausse le ticket de transport, passant de 40 ou 50 mille Fbu à environ 60 ou 70 mille Fbu pour le trajet Bujumbura-Bukavu et de Bujumbura à Goma, le ticket qui s’achetait entre 100.000 et 110.000 Fbu, s’acquiert dorénavant à 130.000 ou 140.000 Fbu.

Les commerçants transfrontaliers inconsolables

Côté Burundi, les commerçants des localités limitrophes avec le Rwanda sont remontés. Habitués à vendre certains de leurs produits en grande quantité, leur business tourne dorénavant au ralenti.

Les fruits et légumes occupent la grande part des marchandises qui s’écoulaient bien avant cette fermeture mais qui ne trouvent plus preneurs de l’autre côté de la Kanyaru même si les vendeurs du poisson et d’autres denrées alimentaires sont également à la peine avec cette décision de fermeture des frontières.

Cette réalité s’observe également en Mairie de Bujumbura, au marché « Chez Sion ». Les vendeurs des fruits, légumes et de poissons regrettent des pertes considérables dues à cette décision : « On venait de passer plus d’une année à se réjouir d’une reprise des échanges commerciaux entre nos deux pays, mais voilà tout d’un coup, le mauvais épisode recommence. J’avais déjà noué des contacts avec d’autres commerçants rwandais qui s’approvisionnaient en fruits et légumes chez moi. Malheureusement, je ne parviens pas maintenant à vendre ne fut ce que la moitié de mes marchandises », s’indigne un autre commerçant qui a requis l’anonymat.

Des pertes sur les ménages, oui, mais aussi sur l’économie du pays, note Diomède Ninteretse, économiste. En plus des échanges commerciaux qui seront perturbés, cet expert ajoute aussi que le secteur du tourisme qui fait rentrer des devises, ainsi que des relations sociales seront également touchés. Pour lui, il existe des liens qui unissent les deux peuples, surtout que pas mal de gens partent étudier et se faire soigner au Rwanda, en passant sur les frontières terrestres.

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top